Hommage à Fred Forte sur RMC. Dacoury: "C'était un ami, un frère"

Richard Dacoury, légende de Limoges, et partenaire de Forte lors du titre de champion d'Europe 1993
"C’est un ami. Un frère. Quelqu’un avec qui j’avais partagé beaucoup d’intimité. On se retrouvait sur beaucoup de valeurs. C’était un immense joueur, et un immense dirigeant. On n’a pas conscience de tous les projets qu’il avait en tête. C’était une immense personnalité du basket français. Il avait un mental, une énergie, c’était un vrai guerrier, il ne lâchait rien. A Limoges en 93, il y avait des durs au mal, mais lui c’est sans doute le plus dur au mal que j’aie jamais vu. Ce n’était pas forcément le plus talentueux, mais il compensait par un QI basket hors du commun. Mon souvenir de sa mythique interception sur Kukoc? Je suis tout prêt de l’action, sur le bord du terrain, à genou. Je vois tout au ralenti, j’ai les yeux écarquillés, le cœur serré… Je vois ce changement à l’opposé entre Jure Zdovc et Fred, ce tour de passe-passe, ce tour de magie de Fred. Il ne faisait « que » 1,92m face à Kukoc qui en faisait 2,10m. Il a remporté le duel avec ses armes : la ruse, la vitesse. C’était ça, Forte : pas forcément le plus fort, mais à la fin il gagnait pratiquement toujours !"
>> Le podcast de l'émission spéciale en hommage à Fred Forte
Franck Butter, coéquipier de Forte à Limoges en 93
"J’ai du mal à croire que c’est vrai. Je m’en rendrai peut-être compte quand j’irai au palais des Sports et que je ne verrai plus le personnage. Beaucoup de gens disent de lui 'on n’était pas toujours d’accord', mais c’était un gars comme ça. Il avait au moins quinze idées à la minute. C’était difficile à suivre. Il était tellement passionné. J’ai du mal à croire, et surtout du mal à accepter. Je pense qu’il y aura un gros changement, pour moi et pour le public. Beaublanc c’était à Fred, c’est lui qui avait réussi à faire tout ça. Il a passé deux années à morfler. Avec du recul, on se dit qu’il y a forcément une cause par rapport à ça."
Fredéric Weis, ancien coéquipier, revenu grâce à Forte à Limoges en 2010
"C’était un grand charmeur. Tu t’engueulais avec lui, mais il était tellement marrant, tellement taquin, que tu ne pouvais pas ne pas te marrer avec lui. C’est sans doute lui qui m’a le plus fait rire dans ma vie. Il m’a beaucoup emmerdé aussi, mais il m’a surtout beaucoup fait rire. Je voudrais avoir une énorme pensée pour sa famille et pour tout le staff de Limoges, qui est abasourdi, mais qui veut faire une grande saison pour lui rendre hommage."
Alain Béral, président de la Ligue national de basket
"C’était un grand président. On a perdu un passionné de basket. C’était un opposant, mais un opposant intéressant pour des structures comme les nôtres. On parlait de beaucoup de choses. Frédéric était très à l’aise en opposition. C’était son truc. Moi ça me titillait un peu, mais il en faut. Toute sa vie était consacrée au basket. Il a toujours été comme ça, dans la recherche du mieux, dans l’opposition pour pouvoir donner sa parole à lui. Je me souviens d’une réunion où il m’a dit être d’accord à 100% sur ce que nous imaginions pour le basket français, mais il voulait être à part. On lui a proposé de rentrer dans des groupes de travail, mais il a refusé pour pouvoir avoir une action critique sur ce qui va se passer. Ca c’était Frédéric Forte. Il ne s’est jamais départi de cette posture, qui était plus une posture qu’un désaccord de fond avec nous. Evidemment, les prochains matches de la reprise lui seront dédiés. On a perdu un grand président, qui nous est cher, et qui était très important pour la Ligue de basket. On a perdu un grand bonhomme. Il a pris le club en National 1 et il l’a amené au titre de champion de France deux fois de suite."
Jean-Marc Dupraz, ancien coéquipier puis entraîneur de Limoges sous la présidence de Forte
"Ca a été un choc. Je l’ai appris un peu avant minuit. C’est tellement brutal et soudain. On s’est connus jeunes comme joueurs dans l’équipe de 93. On est toujours restés plus ou moins en contact. Ensuite il cherchait un entraîneur avec qui il aurait plus de facilités pour échanger, il voulait quelqu’un avec l’esprit limougeaud. J’ai accepté bien sûr, et ça a été une collaboration prolifique, puisqu’on a été champions de France dès la première année. Il ne m’a jamais imposé quoi que ce soit. On avait une relation assez ouverte. Il avait un tempérament de feu, moi un peu plus de glace, et ça faisait qu’on avait une relation plus équilibrée."
Jean-Pierre Siutat, président de la Fédération française de basket
"C’est très dur. J’ai appris ça en début de soirée vers 21h. J’étais abasourdi comme tout le monde. Je ne l’ai pas connu comme joueur, mais comme dirigeant il a été dans notre équipe fédéral pendant deux mandats. C’est un visionnaire, c’est quelqu’un d’intelligent. Il avait en charge la Ligue féminine notamment, il avait fait de l’excellent travail."
David Cozette, spécialiste basket et ami proche de Forte
"Il avait une très grosse personnalité, beaucoup de caractère, il allait au bout de ses idées, il se battait pour faire avancer le basket français, et pour faire avancer le club de son cœur. Il adorait lancer des débats, avec une certaine malice. Nous, observateurs, on s’en régalait. C’était un ami proche. Il y a un an pile il était chez moi avec la bande habituelle pour le Réveillon. Apprendre ça un an plus tard, c’est vraiment dur. Au début, on était copains, puis on est devenus amis intimes. On avait le même caractère, probablement pas très facile, parfois rugueux, parfois à dire les choses qui nous tiennent à cœur maladroitement… On avait beaucoup de respect mutuel, et quand il a arrêté sa carrière, je l’ai branché pour qu’il devienne consultant. Un jour, on s’est retrouvé avant un match de Coupe d’Europe à l’étranger. On avait discuté, et il m’avait parlé de sa maladie pour la première fois, après avoir gagné son combat contre elle. Il m’en avait parlé avec une force et un détachement tels que j’en étais resté sidéré. Sidéré par une telle force de caractère."
Stephen Brun, membre de la Dream Team RMC et proche de Forte
"Fred, je l’ai connu très jeune. Mon papa était son manager général. On a toujours gardé le contact, j’aimais sa grande bouche, ses phrases chocs, et je me retrouvais un peu en lui. Je l’ai beaucoup côtoyé en dehors, on se prenait la tête souvent et après on en parlait et tout allait bien. C’est une très grande douleur. J’appréhende le prochain déplacement à Beaublanc. Je ne réalise pas que Fred n’y sera plus. Je n’arrive à imaginer Beaublanc sans Fred."
Jim Bilba, ancien coéquipier de 93
"Terrible, choqué, il n’y a pas de termes… Je suis resté bouche bée. Je l'ai appris au téléphone, j'ai raccroché et je ne réalisais toujours pas. Ce n’est pas pensable, pas à 47 ans. Je pense à ses trois filles, à sa famille. Ca n’ pas été simple pour moi en cinq saisons avec lui, mais je fais la part des choses. Ca été mon coéquipier, mon président, et il va laisser un grand vide. Il faisait tout avec passion et avec conviction."
Jimmy Verove, coéquipier en 93
"C’était un intellectuel du jeu. Fred était vraiment au-dessus. Il anticipait tout, ce qui lui permettait de jouer au très très haut niveau. On est tous choqués. Il avait l’air indestructible."