Un champion à bon port

Ian Mahinmi - -
A le voir répéter studieusement ses gammes, enchainer les dunks et ne pas lésiner sur les efforts à l’entraînement, on pourrait avoir un doute. Celui de se demander si l’homme qui s’ébroue ainsi est bien Ian Mahinmi, champion NBA en juin dernier avec les Dallas Mavericks… ou juste une nouvelle recrue bien déterminée à tout casser sous ses nouvelles couleurs, celle en l’occurrence du STB Le Havre.
Quelque part, il y a un peu des deux chez le pivot français de 25 ans, revenu le 13 octobre dernier là où tout a commencé pour lui. Lock-out oblige. « Il y avait des clubs espagnols et Nancy, qui dispute l’Euroligue, mais Le Havre, c’était le choix du cœur, raconte l’intéressé. C’est un peu la famille ici. Je connais bien les coaches et les dirigeants. Ça se passe super bien. Je ressens un fort engouement autour de moi. C’est génial. » Il suffit d’observer un peu le quotidien du joueur pour s’en rendre compte. Dans la rue, il est aussitôt reconnu. Même topo lorsqu’il sort du casino, avec toujours à la clé, les sempiternelles demandes de photos et d’autographes. A l’entraînement, là aussi, le charme opère. Les jeunes joueurs de l’effectif écoutent ses conseils et décortiquent avec attention ses moindres gestes.
La NBA « lui manque un peu »
A défaut de se la jouer champion NBA, Ian Mahinmi est venu pour transmettre son savoir, quand il ne conseille pas son coach sur la manière d’arrêter le redoutable duo Tony Parker-Ronny Turiaf de l’ASVEL. «Je ne travaille ni avec un champion NBA, ni avec un jeune joueur, confirme Jean-Manuel Sousa. Malgré son titre, il n’a pas changé. » Le joueur est toujours aussi déterminé à l’entraînement. Dans la salle Lucien Nolent, c’est sa voix qui vampirise les lieux. Elle qui replace, encourage, invective ou souffle même une gueulante aux jeunes partenaires de la star. « On a cinq joueurs en dessous de 22 ans, poursuit Jean-Manuel Sousa. Travailler avec lui va apporter à ce groupe, ça c’est sûr. Même s’il est encore tôt pour parler d’impact sur le jeu – il n’a joué qu’un match avec nous (contre Strasbourg, ndlr), on voit la différence quand il est avec nous ou pas. »
Pour trouver un soupçon de NBA dans le nouveau quotidien de Mahinmi, c’est dans sa chambre, située dans un hôtel casino du centre-ville du Havre, qu’il faut se rendre. Là où on peut trouver quelques paires de baskets, des cartons de pizza et une tablette tactile sur laquelle sont stockées des photos du titre NBA acquis avec Dallas. « Cela me manque un peu », confie Mahinmi, pas vraiment installé comme le prouve l’intérieur de son actuel habitat. Celui qui a dû passer des 20 000 places de l’American Airlines aux docks, grues et autres usines avoisinant la moins glamour salle Océane (3598 places), attend toujours sa bague de champion mais repousse la nostalgie. « Je suis bien ici aussi ».Il s’agira de le prouver dans quelques heures, devant un public complètement à sa cause et une salle comble, face à l’ASVEL de Parker.
Le titre de l'encadré ici
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TP-Mahinmi, sur un air de NBA
Il y aura une petite part d’histoire, ce samedi, sur le parquet de la Salle des docks Océane du STB Le Havre. Car les deux seuls Français à avoir remporté un titre de champion NBA seront là : Ian Mahinmi, fraîchement titré en juin dernier avec les Dallas Mavericks, et Tony Parker, champion à trois reprises (2003, 2005, 2007) avec les San Antonio Spurs. Pas besoin de regarder plus loin. C’est autour de ces deux-là que les projecteurs seront braqués. « Si vous m’aviez dit qu’on allait s’affronter en Pro A il y a cinq mois, j’aurais dit que vous étiez sous l’effet de l’alcool, s’amuse le pivot français du Havre. C’est la première fois que l’on va se rencontrer d’égal à égal entre champions NBA. » Un match qui gonfle d’envie Mahinmi, face à un joueur qui a dépassé le cadre du simple adversaire. « Tony, c’est un ami, un frère », lâche celui qui avait été pris sous l’aile de la star lors de son arrivée aux Spurs en 2007. Mais un adversaire, aussi, contre qui désormais il devrait avoir des arguments. « Lui a trois bagues, alors que moi je n’ai même pas encore reçu la mienne, rappelle Mahinmi. Tout ce qu’il a fait, c’est énorme. Il mérite le respect. » Il faudra tâcher, tout de même, de l’être le moins possible ce samedi après-midi, une fois le match lancé.