
NBA: les JO à l'esprit, le Frenchie de Portland, Jaylen Hoard, se confie

Jaylen Hoard face à Paul Millsap - @IconSport
Sorti au premier tour des play-offs de la conférence Ouest en NBA, Portland veut voir sur le long terme avec un effectif très jeune. La franchise entraînée par Terry Stotts peut s’appuyer pour cela sur l’ailier fort français, Jaylen Hoard. Non drafté l’an dernier, il a signé un two-way contract avec les Blazers. Cette expérience lui a permis d’évoluer avec la franchise de l’Oregon (13 matchs) tout en prenant part aux matchs de G-League avec les Legends du Texas, l’équipe affiliée aux Mavericks de Dallas. Pour RMC Sport, l’ancien pensionnaire de l’INSEP est revenu sur cette année particulière.
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Jaylen, la fin de la saison régulière et votre retour à Paris se sont-ils bien passés?
Je suis bien, en forme. Je suis rentré en France et je passe du temps avec ma famille. Cela faisait longtemps que je n’avais pas passé autant de temps avec eux. Là, pour les trois prochaines semaines, je suis off. Je vais en profiter pour me reposer et recharger les batteries. Je retournerai ensuite à Dallas pour m’entraîner individuellement en attendant la reprise de la saison NBA.
Comment jugez-vous votre première saison NBA?
On peut dire que cela a été une saison mitigée. Lorsque je n’ai pas été drafté, j’étais un peu triste. Mais globalement, j’ai beaucoup appris. La fin de la saison s’est très bien passée. J’ai pu m’exprimer en G-League et j’ai fait ce que je devais faire sur et en-dehors du terrain en termes de comportement.
Avez-vous été surpris par cet univers?
Non. Car j’étais prêt. J’ai eu l’occasion de jouer au lycée puis en université Américaine avec Wake Forest. Je connaissais déjà la mentalité des Américains. Mais c’est vrai que la NBA, c’est clairement un autre monde. Tu joues au quotidien contre les meilleurs athlètes de ton sport et c’est dur. Il faut beaucoup travailler et je suis prêt à continuer.
Les allers-retours entre la NBA et la G-League n’ont-ils pas été trop compliqués à gérer?
En fait, c’est surtout un problème mental. Il faut penser qu’on va de ville en ville, qu’on subit le décalage horaire. Mentalement, c’est compliqué. Les deux équipes ont également des systèmes différents, donc pour apprendre, c’est parfois plus long.
Préférez-vous des systèmes structurés ou aimez-vous avoir une certaine liberté sur le terrain?
J’aime le juste milieu : il faut que cela soit structuré et à la fois très libre. Le plus important, c’est que rien ne doit être chaotique.
Comment avez-vous été accueil par les Blazers?
Franchement, j’ai été très bien accueilli. Je me souviens que j’étais en discussions avec ma famille et je leur avais fait cette remarque : ici, à Portland, que tu sois la superstar de l’équipe ou le quinzième joueur de l’effectif, tu seras traité de la même manière. Tout le monde te respecte. Peu importe qui tu es, le staff, les coachs, les gens de l’organisation te respectent.
Cela n’a pas été trop dur de rentrer dans ce collectif?
Les coaches ici me font confiance. Je sais que j’ai la confiance de tout le monde et c’est un plaisir. Je me souviens que lors d’un match, Carmelo Anthony était venu me voir et il m’avait dit : « Sois agressif, on sait ce que tu peux faire, on te fait confiance. Si on doit te donner la balle, on le fera, on te fait confiance. » Forcément, cela fait plaisir et me donne envie de faire plus.
Jaylen, vous vous êtes révélé en fin d’année, notamment lors des playoffs disputés dans la bulle à Orlando. Comment l’expliquez-vous?
Avec mon agent, on avait discuté en fin de saison régulière. Ce n’était pas sûr que je suive l’équipe dans la bulle NBA. J’avais juste prévu de m’entraîner à Dallas et après seulement deux jours, mon agent m’a appelé en m’expliquant que Portland voulait que je vienne dans la bulle avec eux. J’étais surpris et content. Et j’ai essayé de faire de mon mieux pour leur rendre la confiance accordée.
Après le repos, qu’allez-vous essayé de travailler?
Il faut vraiment que je m’améliore sur mon tir extérieur, que cela soit à mi-distance ou à longue distance. C’est un vrai travail sur le tir que je dois faire pour passer un cap.
D’ailleurs, préférez-vous évoluer au poste 3 ou au poste 4?
Cette année, j’ai vraiment été amené à évoluer sur le poste 4. Avec le travail que je dois faire sur mon tir extérieur, je peux potentiellement basculer sur le poste d’ailier. Quitte à doubler sur les deux postes, ce qui me donnerait plus de polyvalence.
Avez-vous des nouvelles concernant votre futur au sein de la NBA?
Non, je n’ai pas encore parlé avec le General Manager. Je crois qu’on doit attendre la période de la free Agency pour entamer les discussions. Mon souhait serait de rester à Portland car c’est la première équipe qui a cru en moi.
Une expérience en Europe pourrait-elle vous intéresser?
L’Euroleague est un championnat que je respecte beaucoup. Il y a tellement de joueurs forts dans cette division. Juan Carlos Navarro est l’un de mes joueurs préférés. Petit, j’adorais le voir jouer. Je sais qu’il est Espagnol, donc ce n’est pas top, mais je l’aimais vraiment (rires). Donc si ça ne devait pas fonctionner, bien sûr que l’Euroleague pourrait me plaire.
Jaylen, vous avez porté les couleurs de l’Équipe de France en U16 et en U17. Vous étiez blessé pour les compétitions U18 et à cause de la draft, vous n’avez pas joué en U20. Les Jeux Olympiques sont-ils un objectif pour vous?
Les Jeux Olympiques de 2021 sont déjà dans ma tête. Ceux de Paris 2024, également, mais Tokyo, si j’ai la possibilité de pouvoir avoir ma chance, j’essayerais de la saisir. Je ne me mets pas de limite. Je suis un joueur ambitieux. Et c’est vrai que je n’ai pas revêtu le maillot de l’équipe de France, ça me manque (rires).
Cette saison NBA a été marquée par le mouvement "Black Lives Matter" et le boycott initié par les Bucks. Comment l’avez-vous vécu, à seulement 21 ans?
J’ai été choqué par tout ce qui se passait. Je me souviens qu’on était en train de se préparer pour le match 5 face aux Lakers. Je venais de manger et ma mère m’a envoyé un message pour m’avertir que notre match n’aurait pas lieu. C’est par elle que j’ai appris le début du mouvement des joueurs. Ensuite, C.J. McCollum nous a expliqués ce qui se passait. On a été en réunion, avec tous les joueurs dans la même salle pour décider de la suite des évènements. C’était fort et c’est un moment que je n’oublierai jamais. J’étais solidaire avec eux, car cela ne pouvait que faire avancer la cause sociale.