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"On a réussi à tenir le choc!": sorti de sa retraite pour remporter la Coupe des Landes, Boris Diaw savoure

Basket - Boris Diaw a remporté la Coupe des Landes avec Biscarosse, le 1er juin 2024

Basket - Boris Diaw a remporté la Coupe des Landes avec Biscarosse, le 1er juin 2024 - AFP

Vainqueur 107-98 samedi à Mont-de-Marsan de l'Elan Souémontain Montgaillardais Sarraziétois (ESMS, Nationale 2), le Biscarosse (Départementale 3) de Boris Diaw remporte la Coupe des Landes. L’ancien champion NBA, aujourd’hui manager général de l’équipe de France masculine de basket, réalise ainsi son rêve de gosse lors du dernier match de sa carrière. Lui qui était spécialement sorti de sa retraite avec des amis d’enfance pour décrocher ce trophée tant convoité et qui déchaîne les passions. Il s’est confié à l’issue de la finale disputée en plein-air, dans les arènes du Plumaçon.

Boris Diaw, il était question d’un pari un peu fou au sujet de votre défi. Pas si fou que cela, finalement…

(Sourire) Pas si fou mais c'est vrai qu'il n’y avait vraiment aucune certitude au début de l'aventure. Plusieurs personnes m'ont dit: "Jamais vous ne tiendrez! Dès le deuxième tour, vous allez sortir!". Donc ce n’était pas gagné d'avance. On n'avait pas de certitude en interne non plus. Déjà, on ne savait pas dans quel état on était. Pour la plupart, on n'avait pas joué depuis six, sept ans. On est tous quadragénaires ou presque, on ne savait pas trop ce que ça allait donner. On pensait avoir plus de blessés. Mais on a réussi à tenir le choc! Je ne pense pas qu’on aurait gagné ce match-là il y a huit mois. Il y a des tours où l’on s'est fait peur.

Maintenant que vous avez définitivement raccroché, vous pouvez le dire, non: quel est le plus grand titre de votre carrière?

(Rires) Je n’ai jamais comparé. Pour moi, ils sont tous à saveur égale à partir du moment où l’on gagne. A chaque fois, c'est vraiment la somme de certains sacrifices, d'abnégation, de résilience pour pouvoir gagner ces titres-là, donc que ce soit des championnats d'Europe, une saison NBA ou la Coupe des Landes qui est aussi un marathon… Tous les joueurs ont fait des sacrifices, tout le monde a une vie active et une famille, on ne s'entraînait jamais au même endroit. La saveur de la victoire n’est pas liée qu’à cette finale mais à toute l’aventure.

Que représente pour vous le fait de gagner dans les arènes de Mont-de-Marsan, où vous avez passé votre enfance?

Plein de souvenirs sont remontés. Mercredi, déjà, on est venu s’entraîner ici. Rien que le fait d’être venu à Mont-de-Marsan… De revoir la Midouze où j'ai fait du kayak quand j'étais gamin. On est passé sur l'avenue où j'habitais, devant la maison où j’ai grandi jusqu’à 7 ans, devant le lycée où j’étais en sport-études. Plein de souvenirs reviennent aussi grâce à cette Coupe des Landes. Ma mère m'a amené voir les matchs à l'époque. Ensuite, j’ai vu des potes la jouer sans jamais pouvoir y participer donc ça représente vraiment tout ça et c'est un énorme plaisir à titre personnel.

Vous attendiez-vous au début de l’aventure à cette polémique sur les points d'avance (Biscarosse a par exemple démarré la finale à 49-0 ; 7 points d’avance par division d’écart, ndlr), à ces broncas à votre encontre?

Bien sûr. On le savait dès le début. Dès l’annonce de notre tentative de faire une équipe pour jouer la Coupe des Landes, on savait que ça n’allait pas plaire à tout le monde. Pour ce qui est des points d'avance, on n’avait aucune certitude quand on a commencé cette aventure, on ne savait pas que ça allait nous permettre d'arriver jusqu'à la finale. Après, c'était notre seule façon de pouvoir participer à cette Coupe des Landes. L'idée, c'était de faire cette aventure entre potes, entre gamins qui jouaient ensemble à 12-13 ans, de se retrouver quadragénaires et rejoindre un club qui nous accepte. On est vraiment très reconnaissant envers Biscarrosse d'avoir accepté ce projet-là. Peu de club nous auraient accepté, ils avaient déjà les équipes engagées. On a eu la chance d'avoir 'Bisca' qui n'allait pas engager son équipe en Coupe des Landes. Les joueurs ont 16, 17 ans et donc c'était vraiment un bonheur aussi pour nous de partager cette saison avec eux, de pouvoir transmettre à ces gamins-là.

Allez-vous justement continuer à vous impliquer à l'avenir dans ce club de Biscarosse?

C'est sûr que maintenant on est liés! On va faire des allers-retours, on va aller les voir, on va passer du temps ensemble comme on a fait. Après, on ne va pas revenir et jouer de toute façon donc on ne va pas s'impliquer à ce point-là mais, maintenant, on a un lien très fort. Qu'on gardera pour toujours avec eux.

Cette aventure doit aussi être précieuse, à titre personnel, à deux mois des Jeux olympiques…


C'est sûr que c'est un bol d'air. Ça permet de souffler. On se prépare déjà depuis un moment, maintenant on va passer aux choses sérieuses et continuer en mode "combat". Mais c'est bien, c'est un apprentissage parce que là-aussi on était quand même en mode en mode "combat" ce (samedi) soir.

Parker, Pesquet et Turiaf en guest stars

Disputée dans les arènes du Plumaçon à Mont-de-Marsan, devant 8.000 passionnées, cette finale 2024 très médiatisée de la Coupe des Landes a attiré de nombreuses personnalités proches de Boris Diaw parmi lesquelles l’astronaute Thomas Pesquet et deux anciens coéquipiers sur les parquets: Tony Parker et Ronny Turiaf. "C’était important d’être là pour voir la dernière de l’un de ses meilleurs amis. Je ne l’aurai pas ratée pour autre chose! Je suis très fier de lui, confiait ce dernier à RMC au moment de la remise du trophée. C’est un pari 'fun' d’amis qui ont grandi ensemble, qui ont commencé le basket ensemble et qui, sur un coup de tête lors d’une soirée, se sont dit: "Vas-y, on gagne ça!" Je trouve que c’est un beau message qui véhicule de belles valeurs: l’amitié, le partage et le dépassement de soi."

Propos recueillis par Romain Asselin, à Mont-de-Marsan