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Parker et sa bande, si près mais finalement si loin

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Longtemps dominatrice, la France a encore été battue par l’Espagne (66-59), en quarts de finale du tournoi olympique. Inefficaces dans le dernier quart temps, les Bleus ont payé au prix fort une maladresse vraiment mal venue.

Un sur deux. La France n’aura pas réalisé de doublé, ce mercredi, contre l’Espagne, lors de la double confrontation qui l’opposait en handball comme en basket à son rival ibère. La Roja aura mordu la poussière, une fois, mais devant la bande à Nikola Karabatic, au prix d’un finish totalement crispant pour les nerfs, déconseillé aux cardiaques mais ô combien satisfait sur la fin. Quelques heures plus tard, sur le parquet de la North Greenwich Arena, ce n’est pas à un nouvel happy end qu’ont eu droit les supporters français. Mais à un cauchemar, celui qui a vu les Bleus de Tony Parker dominer l’Espagne durant trois quarts temps… avant de perdre pied sur la fin. Un scénario catastrophe, une sale pilule à avaler que Nicolas Batum (9 points, 5 rebonds, 1 passe décisive) n’avalait toujours pas d’ailleurs, lorsqu’il asséna de rage et de frustration un coup de poing dans le bras de Juan Carlos Navarro. « C’est rageant là. On joue bien pendant 37 minutes. On a essayé de jouer pendant 40 minutes mais à la fin, il nous a manqué deux-trois trucs. Ce match-là, ils ne le gagnent pas, on le leur donne parce qu’on fait trop d’erreurs. Cette équipe n’est pas imbattable. »

Non, l’Espagne n’avait rien de l’ogre qui a tant de fois dominé les Bleus ces dernières années. Cinq fois consécutivement au total, en quarts et en finale de l’Euro 2011 en Lituanie et puis trois fois en matches amicaux, avec un cinglant 81-65 début juillet à Madrid. Agressifs mais bien disciplinés en défense, les Bleus avaient pris la rencontre par le bon bout, avec un Tony Parker à son affaire comme à son habitude (15 points, 3 rebonds) mais aussi un Florent Piétrus adroit aux… trois points (2/2, 10 points, 1 passe décisive, 3 rebonds) et surtout un Boris Diaw incandescent (15 pts, 5 passes, 8 rebonds). « On est très déçu, lâche Vincent Collet. On a fait tout ce que nous avions prévu de faire. La bataille était bonne. Nous avons longtemps mené. Mais leur défense de zone nous a stoppés net. Nous avons fait des efforts en fin de match et nous avons fait beaucoup d’erreurs. C'est pour cette raison qu'ils sont passés devant. »

Une coupure totale dans le 4e quart temps

Fébriles, mais surtout beaucoup trop maladroits, les Bleus n’inscrivent que deux petits points lors des cinq dernières minutes (3/18 aux tirs dans le 4e quart temps). Dans ces conditions, difficile de rendre l’exploit, pourtant bien palpable, possible. « Ce match, on l’a perdu en attaque juge Jacques Monclar consultant basket pour RMC Sport. On n’a pas mis assez d’alternance, on a réussi à trouver des tirs extérieurs mais à l’intérieur, rien du tout, hormis un « hook » de Traoré. Le cheminement est frustrant. Dans le dernier quart temps, il y a une coupure totale. Difficile de gagner un match comme ça... »

Forcément, la rancœur l’emporte dans les cœurs tricolores. D’autant que l’Espagne, entre coups de coude, contestations perpétuelles auprès du corps arbitral et petites saynètes sur le parquet à chaque contact, n’a rien fait pour calmer les esprits. Kevin Seraphin se lâche rapidement sur Twitter. « Voilà encore une leçon de la vie ! Les plus honnêtes ne gagnent pas toujours. » Certes. Mais les plus réalistes étaient les Espagnols, ce que reconnait sans peine Ali Traoré. « On a fait un match plein de cœur. On a fait trop de petites erreurs. C’est pour cela que cette équipe d’Espagne gagne. L’aventure s’arrête là mais c’est le sport. Au moins, on pourra se regarder dans la glace et dire qu’on a tout donné. C’est une histoire de déception et non d’énervement. » L’avenir ? Trop tôt pour le dire. Trop chaud pour en parler. Mais le sentiment d’avoir franchi un cap, lui, est bien réel. « L’écart se réduit. On se rapproche d’eux », note d’ailleurs Batum. Pas assez pour arracher une médaille olympique.

A.D avec François Giuseppi