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Parker : "Je joue pour gagner l’or"

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Le porte-drapeau du basket français s’est offert un quatrième sacre NBA cette année avec San Antonio. Mais l’ombre du meneur de jeu de 32 ans a également plané sur les Bleus, éblouissants lors d’un Mondial espagnol achevé à la troisième place. Membre de la Dream Team RMC Sport, le meneur des Spurs a livré son sentiment sur cette année passée et confié ses ambitions pour celle à venir.

Tony, cette médaille de bronze de l’équipe de France au Mondial sans vous, est-ce un moment charnière de son histoire ?

Ça ne peut être que bénéfique. J’étais très, très fier d’eux. Surtout qu’ils ont passé l’Espagne (65-52 en quarts de finale, ndlr). C’était un match exceptionnel de la part de l’équipe de France. Maintenant, on va aborder les matches comme favoris, alors que d’habitude on était outsiders. C’est différent, tout le monde veut te battre, c’est vraiment une autre pression à gérer.

Ne regrettez-vous pas de ne pas avoir participé à cette aventure ?

Non, pas du tout. Ils auraient gagné l’or, j’aurais regretté (rires). La médaille de bronze est géniale, mais je joue pour gagner l’or. Je me suis reposé cet été pour être le plus en forme possible pour gagner l’or en 2015. Je ne regrette pas du tout, j’en avais besoin physiquement pour pouvoir enchainer NBA-Euro et NBA-JO.

Ressentez-vous une vraie différence avec les autres saisons ?

Oui, je me sens bien. Après je n’ai pas eu de chance avec mon ischio mais ça aurait pu arriver n’importe quand, ça fait partie du basket. Mais je me sens bien physiquement.

Les Bleus sont-ils désormais décomplexés par rapport à l’Espagne ?

Disons que l’Espagne aura un peu plus de respect contre nous et aura une grosse motivation pour nous battre cet été.

A l’Euro, qui se disputera en France en septembre prochain, la Lituanie ne sera-t-elle pas le gros os ?

Oui, la Lituanie est une très, très grosse équipe. Ils ont un bon mix de vétérans et de jeunes, un peu comme nous. Alors que l’Espagne est un peu vieillissante, même si ça peut aider parfois. L’Espagne, la Lituanie et la Serbie et nous seront les quatre grosses équipes.

« On n’avait jamais atteint un tel niveau depuis mon arrivée aux Spurs »

En NBA, les Spurs ont complètement dominé les finales NBA contre Miami, pour s’imposer 4-1…

En 2013, on avait l’impression de leur avoir donné le titre. On avait cinq points d’avance à 28 secondes de la fin lors du match 6 (défaite 103-100). On pensait vraiment qu’on avait gagné le titre. On attaquait 2014 un peu revanchards. Mais gagner aussi facilement de 20 points et dominer autant dans le jeu, jamais je n’y aurais pensé.

A la mi-temps du match 3 à Miami, vous menez 71-50, c’est paranormal…

On gagne le match 1 en jouant très bien (110-95), puis on est très déçu de notre performance lors du match 2 (96-98). Donc on attaque le match 3 très motivés. A la mi-temps, on ne se rend pas compte de ce qu’il se passe, on se dit qu’ils vont revenir dans le match et qu’on ne doit pas déconner. Après les finales, j’ai réalisé qu’on avait vraiment été très fort lors des matches 3 (92-111) et 5 (86-107 à Miami).

Avez-vous senti qu’ils étaient découragés ?

Plus on jouait, plus leur défense se dissipait. On jouait tellement bien ensemble… On n’avait jamais atteint un tel niveau depuis mon arrivée aux Spurs (en 2001).

Quelle image gardez-vous de cette finale ?

C’est le plus beau titre de ma carrière avec celui conquis avec l’équipe de France (Euro 2013). Plus on avance dans la carrière, plus on réalise que c’est difficile de gagner un titre, surtout dans les sports collectifs, il y a tellement de facteurs. J’ai gagné à 21 ans, lors de ma deuxième année, donc j’avais l’impression que c’était facile, que ça arriverait chaque année. Mais après, les joueurs vieillissent, ont leur famille, il y a les blessures, d’autres priorités… Je m’en rends compte d’autant plus avec l’ASVEL. Tu construis une belle équipe mais l’alchimie dépend de tellement de choses. Ça ne tient à rien. L’équipe de France est bien meilleure en 2011 qu’en 2013. Mais en 2011, on perd en finale (de l’Euro contre l’Espagne), avec seulement deux défaites. En 2013, on perd trois matches et c’est l’année où on est champion.

Les larmes de Tim Duncan ont fait le tour du monde…

Ça nous tenait à cœur. On ne voulait pas finir notre carrière chez les Spurs avec la défaite de 2013. Les gens auraient seulement gardé ce revers en mémoire.

En 2014, il y aussi ce nouveau contre sur trois ans. Quid de 2018 ?

Les Spurs sont au courant, ils savent que je veux jouer jusqu’à 38 ans. C’est un objectif que je me suis fixé. Mon contrat m’amène jusqu’ à 35. Après, on fera un point et j’espère que je pourrai signer un dernier contrat de trois ans pour terminer ma carrière tranquillement. Je suis passionné de basket, je regarde tous les matches, de NBA, d’Euroligue, de ProA. J’adore mon métier, on a vraiment la chance de faire ça.

Quels vœux pour 2015 ?

Un titre avec l’équipe de France. Gagner à la maison serait incroyable.

Monclar : « Tony a atteint la plénitude »

Bluffé par « le niveau d’excellence » atteint par le meneur de jeu français depuis ses débuts en NBA, notre consultant Jacques Monclar décrypte le phénomène Tony Parker : « C’est avant tout un énorme travailleur. Dans son jeu, c’était d’abord quelqu’un qui allait très, très vite et que personne n’attrapait. Et à partir du moment où il ajoute la lecture de jeu, le contrôle de l’équipe et en plus un shoot extérieur maintenant… Il fait partie du gotha. Il a été six fois All Star, a gagné quatre titres NBA. Il a atteint la plénitude. Il vit le moment où sa technique est à la rencontre de son physique, en ayant gardé sa vitesse. Tony a toujours cette détermination et cette ambition, qui a pu passer pour de l’arrogance à une certaine période. Mais il a passé ce cap. Il a connu les honneurs individuels : meilleur joueur européen de l’année et MVP du Championnat d’Europe (2013), MVP des finales NBA (en 2007)... Ce qu’il veut désormais, c’est que son équipe gagne, que ce soit à San Antonio ou en équipe de France. »

la rédaction