RMC Sport

A. et F. Schleck : « On veut battre Contador ! »

-

- - -

Comme d’habitude, Andy Schleck (25 ans) et son frère Fränk (30 ans) débutent leur saison séparément. Le premier s’aligne sur Tirreno-Adriatico alors que l’ainé sera au départ de Paris-Nice dimanche. Avec pour objectif : préparer le Tour de France. Entretien croisé exclusif de deux frères motivés comme jamais.

Fränk Schleck, vous avez choisi Paris-Nice pour lancer votre saison. Dans quel état d’esprit êtes-vous ?
Fränk Schleck : C’est la première grande course de la saison. Ce n’est pas l’objectif le plus important de la saison, mais c’est une course qui m’a toujours bien réussi. J’ai envie de faire quelque chose de bien, mais sans pression.
Andy Schleck : Paris-Nice intervient un peu trop tôt pour moi.

Quelle sont les principaux qualités et défauts de l’autre ?
A. S. : Fränk est parfois un peu trop stressé.
F. S. : C’est vrai qu’Andy ne se pose pas trop de question. Quand il veut quelque chose, il fonce.
A. S. : La qualité de Fränk est qu’il est vite en forme. J’aime aussi ses entraînements.
F. S. : Andy n’est pas assez organisé dans ses entraînements, mais surtout dans sa vie quotidienne (rire). J’essaye de l’aider. Mais tout le monde doit trouver sa voie. Il semble le faire. Certaines personne sont moins organisées que d’autres. Ça ne les empêche pas de réussir.

La famille s’est agrandie il n’y a pas longtemps…
F. S. : J’ai une petite fille de dix mois, Leea. On s’est fait plaisir cet hiver à être à la maison pour s’occuper de la petite. Ça m’a pris du temps et ça m’a fait plaisir.
A. S. : Pour Fränk, cette naissance a été un grand changement dans sa vie. Ça lui apporte beaucoup tant au niveau familial que sportif. J’aime beaucoup la petite. Elle commence à parler, ça devient de plus en plus intéressant pour moi. J’attends les prochaines années qu’elle commence à marcher. Je pourrais plus m’amuser avec elle.

Que faites-vous quand vous posez le vélo en hiver ?
F. S. : Avec Andy, nous aimons aller chez nos parents. Mon père est chasseur. C’est tout naturel que nous soyons aussi très tournés vers la nature. Il y a beaucoup de chasse et beaucoup de pêche. On ne s’ennuie pas l’hiver à la maison des Schleck.
A. S. : Ce sont nos deux passions. Ça nous permet de faire quelque chose d’autre que le vélo. Mon père a deux chiens, Minka et Jensky, et Fränk, un. Un Australian Shepherd nommé Timmy On passe beaucoup de temps dehors avec eux.

Andy a déclaré qu’il avait perdu le dernier Tour de France, lorsque vous avez abandonné (NDLR : Fränk a été victime d’une chute lors d’un secteur pavé de la 3e étape). Votre avis ?
F. S. : Je le pense aussi. Si nous sommes deux, mentalement, nous sommes plus forts. Tactiquement, on aurait pu jouer différemment. Nous aurions été deux leaders, capables d’attaquer Contador à différents moments.
A. S. : Il y a aussi mon saut de chaîne (NDLR : dans le Port de Balès alors qu’il était à la lutte avec Contador). Pour gagner le Tour, il ne faut pas avoir de malchance et j’en ai eue beaucoup.

Que vous a dit votre manager d’alors, Bjarne Riis, le soir de ce saut de chaîne ?
A. S. : Je voulais encore attaquer. Bjarne n’était pas content de l’action de Contador. J’étais furieux, mais Alberto a peut-être paniqué car il était sans doute en train de perdre le Tour. Si demain il a un saut de chaîne, je ne suis pas sûr de l’attendre.

On a pu entendre que vous avez ressenti un coup de blues après le Tour…
A. S. : Ça été mal compris. Le Tour, c’est trois semaines de stress. Après le Tour, j’étais fatigué mentalement. Je voulais être tranquille. J’étais loin d’une dépression comme j’ai pu le lire.
F. S. : Andy était fier d’être deuxième du Tour. Simplement, il faut alors lâcher, retrouver ses ressources et se retrouver soi-même.

Andy, on a pu lire que vous vous considériez comme le favori du prochain Tour…
A. S. : Si on regarde les deux derniers Tours, on peut dire que je suis le favori.
F. S. : Maintenant, on veut la première place.

Pour cela, il faudra battre Contador. Que vous inspire son cas ?
A. S. : Il n’y a pas trois solutions. C’est noir ou blanc. Il est pour le moment « libéré » par la Fédération espagnole. Il faut respecter cela. J’espère que cette décision est la bonne. Qu’il soit là ou pas, ça ne change rien pour moi. Et puis il n’y a pas que lui.
F. S. : J’aimerais qu’il soit là s’il a le droit de le faire. S’il le fait, c’est qu’il mérite sa place. On voudra alors le battre. Ça ne me fera rien de gagner s’il n’est pas là. On savourera une éventuelle victoire de la même manière.
A. S. : Maintenant, c’est dans la nature des hommes : bien sûr que je veux le battre.

Je crois aussi qu’il vous a défié dans un autre secteur…
F. S. : Il nous avait envoyé un jour une photo d’un poisson qu’il avait pêché. On se connaît bien. Je sais que c’est aussi un pêcheur et un chasseur.
A. S. : Ça nous a fait rigoler. On lui a dit que si on avait la chance de se retrouver, on pourrait pêcher ensemble.

Propos recueillis par Pierrick Taisne