Affaire Armstrong : L’UCI joue gros

McQuaid et l'UCI trop complaisants ? - -
L’UCI a-t-elle fait preuve de complaisance envers Lance Armstrong ? Officiellement ou non, ils sont de plus en plus nombreux à le déplorer. L’Union cycliste internationale se refuse logiquement de parler d’indulgence avec le coureur texan, mais les agissements de Pat McQuaid, et surtout de son prédécesseur, Hein Verbruggen (1991-2005), toujours président d’honneur de l’UCI, questionnent. « L'UCI doit accepter une part de responsabilité car ce qui se passait était évident, pestait David Millar, ancien dopé, repenti. La première étape pour l'UCI est d'écarter Verbruggen. L'actuel président Pat McQuaid doit prendre ses distances. » Des propos repris en écho par le Canadien Richard Pound, ex-directeur de l’Agence mondiale antidopage (AMA). « Ce n'est pas crédible de dire qu'ils ne savaient pas ce qu'il se passait, a déclaré l’ancien vice-président du Comité international olympique à l’AFP. Je me suis plaint auprès de l'UCI pendant des années. »
En conflit ouvert avec l’UCI, l’United States Anti-Doping Agency (USADA) avait également chargé l’instance internationale au moment de remettre son rapport le 10 octobre dernier. En cause : la manière dont McQuaid s’est offert le scalp de Floyd Landis, ancien équipier d’Armstrong, vainqueur déchu du Tour en 2006, et pourtant prêt à collaborer contre son ancien leader. Landis sera finalement condamné pour… diffamation. « Je n’ai jamais dit qu’il ne s’est jamais dopé. Ce que j’ai dit, quand Landis est venu avec ses accusations, c’est que nous n’avons jamais eu un cas positif d’Armstrong, se défend alors Verbruggen. Il n’y avait rien à arranger parce qu’on n’a jamais eu un cas positif. On n’a rien caché, jamais. »
Intérêts commerciaux et économiques
L’UCI se retrouve là face à un sacré dilemme : si elle suit l’USADA, elle tire le trait sur une période sombre du cyclisme, mais elle reconnait par la même avoir été dépassée par l’ampleur du phénomène. Revenu dans l’actualité pour un contrôle antidopage manqué (voir par ailleurs), Christophe Bassons avait abandonné lors du Tour 1999. Il va même plus loin, pointant du doigt les connivences commerciales et d’images entre Armstrong et l’UCI. « Cette affaire est une patate chaude pour l’UCI car on connait les relations qu’a pu nouer Lance Armstrong avec elle en attribuant certaines sommes d’argent dans le but, a priori, d’aider l’UCI à se développer et d’avoir des actions », glisse le Français. Le come-back de l’Américain 2008 avait alors été applaudi par les hautes instances de l’UCI, soucieuse de bénéficier d’une « fantastique » vitrine pour son sport. De là à parler de connivences, il n’y a qu’un pas que beaucoup ont déjà effectué.