
Armstrong veut tomber seul

Lance Armstrong - -
Seul face à Oprah Winfrey. Seul face à des millions de téléspectateurs, aux Etats-Unis et dans le monde entier. Seul face à une foule de procureurs amateurs, avides de connaître enfin la vérité sur le système de dopage « le plus sophistiqué de l’histoire du sport ». Seul, encore, au moment de tomber. Lance Armstrong a pris de l’EPO, de la testostérone et a effectué des transfusions. Son « cocktail ». Lance Armstrong s’est dopé, de 1999 à 2005. Lance Armstrong a sûrement été aidé. Mais Lance Armstrong gardera visiblement le silence. S’il a eu des complices dans sa diabolique entreprise, ils ont dû retrouver le sommeil assez vite après la fin de la première partie de l’interview diffusée jeudi soir aux Etats-Unis.
Pendant 90 minutes, Lance Armstrong a fait très attention à ne pas déborder de sa ligne de conduite. La formule « je ne veux pas parler des autres » a par exemple été utile pour décrire les habitudes du peloton au milieu des années 1990 ou pour évoquer le sulfureux Dr Michele Ferrari, une relation « imprudente ». Lance Armstrong a voulu parler de lui, uniquement de lui. Même l’Union cycliste internationale, accusée d’avoir été proche du Texan, au point d’en avoir protégé le règne, sort quasiment indemne des aveux de « LA ».
« Le don à l’UCI ? Ce n’était pas pour couvrir un test positif »
Pourquoi a-t-il fait un don de 100 000 dollars à l’UCI en 2002 ? Pour couvrir un test qui aurait été positif en 2001 au Tour de Suisse ? « Non, répond Lance Armstrong. J’ai donné de l’argent à l’UCI, mais ce n’était pas pour couvrir un test positif. » Et d’ailleurs, insiste-t-il, « il n’y a pas eu de contrôle positif au Tour de Suisse en 2001 ». Il éloigne ainsi les nuages qui commençaient à s’accumuler au-dessus d’Aigle, au siège de l’UCI, une institution dont il consent à dire qu’« il n’est pas fan ». Mystérieux…
Avouer s’être dopé, pour l’ancien leader de l’US Postal, a donc consisté à personnaliser le système jusqu’à le détruire, le recentrer autour de lui et uniquement lui. L’USADA disait que c’était « le plus sophistiqué de l’histoire du sport » ? Non, non, assure LA. « C’était pro et malin, mais c’était traditionnel, pas plus sophistiqué que le programme en Allemagne de l’Est. Je ne veux pas parler d’autres personnes, accuser. » Et finalement, la seule culpabilité est la sienne. « Tout est de ma faute », dit Lance Armstrong. Sa tactique ne changera certainement pas ce vendredi soir, lors de la seconde partie…