Austin aime toujours « son » Armstrong

Lance Armstrong - -
Un douanier, à l’aéroport d’Austin. « Mais pourquoi les Français n’aiment pas Lance Armstrong ? » Un passeport suffit pour lancer la conversation. Bienvenue sur son territoire. Ici, l’USADA et l’UCI sont des machines à laver qui tournent à vide. Les maillots jaunes restent jaunes, alors qu’ils sont effacés partout ailleurs dans le monde du cyclisme. Ici, les reliques des années 1999-2005 sont accrochées au mur, dans le salon de Lance ou dans sa propre boutique de vélos, dans le centre-ville. Et l’idée de les retirer n’a effleuré personne. Il faut dire que le « boss » lui-même publie sur Twitter la photo de ses maillots jaunes au-dessus de son canapé, suscitant le buzz par provocation. Juste de l’humour, assure-t-on à Austin.
« Ça arrive que les gens demandent si on va les décrocher du mur, mais non, on n’a pas envie, explique Craig Staley, directeur général de la boutique (Mellow Johnny’s Bike Shop). Ça fait partie de l’histoire, qu’on pense qu’il est bon ou mauvais. Je vais les garder. » Lance Armstrong y passe régulièrement, pour boire un café. A Austin, il n’est d’ailleurs pas rare pour les habitants de croiser l’ex-septuple vainqueur du Tour de France. Assez accessible, il n’est pas cloîtré dans sa propriété, située en périphérie de la ville, dans une luxueuse résidence arborée. Un immense mur l’entoure. Et les flammes qui éclairent les portails, en permanence allumées, ne sont pas celles de l’enfer…
« Un athlète extrêmement talentueux »
Si le mythe Lance Armstrong est si fort à Austin, c’est aussi grâce à Livestrong. La fondation de lutte contre le cancer que l’Américain a créée. Le jaune et le noir de l’association sont visibles partout. Qu’il ait démissionné de la présidence puis du comité directeur il y a quelques jours n’a pas affecté son image. « LA » reste un homme au grand cœur, qu’importe qu’il ait triché ou pas… Mais les dirigeants de Livestrong n’ont pas donné suite aux demandes d’interviews formulées ces dernières semaines. Preuve que le sujet est quand même sensible, malgré les sourires de tous les employés du siège, un bâtiment sans prétention au bord d’une voie ferrée, pas loin du centre-ville d’Austin.
Dimanche, le héros du Texas a participé à une animation cycliste organisée par Livestrong dans la ville. Présent discrètement au milieu d’une petite centaine d’invités. Toujours respecté, même quand la voix se fait plus dissonante. « C’est décevant, estime Stanton Truxillo, président et fondateur de l’Association cycliste d’Austin, à propos des sanctions contre Lance Armstrong. Mais la plus grande déception, c’est que je suis persuadé qu’il aurait pu faire beaucoup des choses qu’il a faites, sans enfreindre la moindre règle. C’est un athlète extrêmement talentueux, avec un physique impressionnant. Et sa détermination, sa volonté de toujours se dépasser, font que c’est un super cycliste, sans avoir besoin d’une aide clinique pour être bon. » Quoi qu’il fasse, Austin est fière de « son » Lance…