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Ferrand-Prévot : « Ce serait bien qu’on parle plus des jeunes… »

Pauline Ferrand-Prévot championne du monde

Pauline Ferrand-Prévot championne du monde - AFP

Sacrée championne du monde ce week-end, une première pour une coureuse française depuis Jeannie Longo en 1995, Pauline Ferrand-Prévot espère que ce titre va permettre à la nouvelle génération tricolore de sortir de l’ombre de sa glorieuse ancienne.

Pauline, racontez-nous l’arrivée de ces championnats du monde…

Il y avait quatre filles échappées dans les trois derniers kilomètres. J’ai roulé, deux Allemandes sont rentrées et on est revenues sur elles. Au sprint, je savais qu’il fallait prendre la roue de Marianne Vos. J’avais aussi repéré le sens du vent donc je savais où il fallait se placer. J’ai lancé mon sprint sans trop me poser de questions et en essayant de rallier l’arrivée le plus vite possible.

Vous êtes la coéquipière de Vos chez Rabobank. Avez-vous réalisé une « course d’équipe » ?

Non. C’était vraiment chacun pour soi. J’ai entendu dire qu’elle m’avait lancé le sprint mais c’est totalement faux. Si elle avait pu gagner, elle l’aurait bien évidemment fait. Je me suis débrouillée comme une grande.

Est-ce un titre un peu inespéré pour vous ?

Oui un peu. J’ai fait une super saison mais j’étais un peu plus dans le dur depuis un mois et demi. C’est plus compliqué mentalement et physiquement mais dans le sport de haut niveau, il faut toujours y croire. J’y ai cru et ça a marché, c’est super. J’ai un peu stagné il y a deux ans et l’année dernière. J’avais de bons résultats mais je me classais entre la cinquième et la dixième places sur les compétitions internationales. Cette année, je me suis beaucoup retrouvée sur le podium donc ce n’est pas que je ne m’y attendais pas, j’étais parmi les favorites, mais franchement je ne me voyais pas gagner.

Avez-vous peur de devoir assumer ce nouveau statut de championne du monde ?

A l’arrivée, je pleurais. J’étais super contente mais je me suis demandé ce qui me tombait sur le dos. J’avais un peu tout le poids du monde sur les épaules, je me disais que maintenant j’allais vraiment devoir assumer et que le plus dur restait à faire.

Comment êtes-vous venue au vélo, un sport tout de même très masculin ?

C’est vraiment une histoire de famille. Mes parents pratiquaient le vélo et mon père avait un magasin de cycles.

Vous gagnez des titres sur route, en VTT et en cyclocross. Une telle polyvalence est-elle rare dans le peloton féminin ?

Marianne Vos pratique aussi les trois disciplines, et même quatre avec la piste. Mais sinon, les filles sont plus routières ou vététistes.

Que privilégiez-vous en vue des JO de Rio 2016 ?

Les deux. C’était déjà le cas à Londres. La Fédération avait un peu des doutes quant à ce choix mais je pense avoir prouvé cette année que j’avais ma place dans les deux disciplines. D’autant qu’il y a quinze jours d’écart entre la course sur route et celle de VTT donc il y a le temps pour récupérer.

Vous ne touchez pas salaire chez Rabobank mais uniquement des primes de résultats…

Tout à fait. J’ai la chance d’avoir un emploi réservé à la gendarmerie et ça m’aide beaucoup. Et mon équipe s’occupe de toute la logistique.

Apparemment, vous n’aimez pas trop que l’on vous parle de l’héritage de Jeannie Longo…

Ce n’est pas que je n’aime pas en parler, c’est que je ne sais pas vraiment comment le faire. C’est toujours un sujet délicat de parler de Jeannie Longo. Je la respecte énormément pour son palmarès mais ce que je lui reproche, c’est de ne pas avoir transmis son savoir aux plus jeunes et d’être un peu personnelle. C’est mon avis mais je la respecte vraiment pour ce qu’elle est et pour ce qu’elle a fait. Mais moi, dans 30 ans, c’est clair, je ne serai plus là. J’espère qu’une page va se tourner désormais et qu’on va plus parler des jeunes car il y a une très belle génération. Je ne parle pas seulement de moi. En équipe de France, ce week-end, ce n’est pas seulement moi mais toute une équipe de jeunes qui a gagné. Ce serait bien qu’on parle plus d’elles.

La rédaction avec le Super Moscato Show