Contador dans les cordes

Alberto Contador - -
« L’AMA ne croit pas en la thèse de la contamination alimentaire. » Douwe de Boer, l’un des experts scientifiques d’Alberto Contador, le reconnaît. Il va falloir faire preuve de beaucoup de persuasion pour retourner le gendarme mondial de la lutte antidopage. Conformément aux informations parues ce mercredi dans la presse espagnole, le dossier instruit par l’UCI et l’AMA, suite au contrôle urinaire effectué sur le coureur pendant le Tour de France et qui avait révélé la présence d’un produit interdit (Clenbutérol), ne rend pas la tâche de l’Espagnol facile.
« Aucune trace de clenbutérol n'a été trouvée dans les recherches et les analyses effectuées sur les échantillons de viande », écrit El Pais, qui affirme s’être procuré le rapport. Le quotidien espagnol révèle que l'AMA a envoyé des experts à Irun (nord de l'Espagne) pour analyser la viande incriminée par le coureur espagnol. Le dossier s’appuie également sur une étude européenne menée en 2008 mettant en avant qu’un seul cas sur 300 000 contrôles effectués sur les échantillons de viande s’était révélé positif.
Le clan Contador a immédiatement répliqué par un communiqué destiné à battre en brèche les conclusions de la presse espagnole. L’équipe juridique du coureur déclare qu’il est « impossible de conclure que la viande n’était pas contaminée à partir des recherches menées par une équipe de détective (mandatée par l’AMA) ». Contador et son équipe relativisent également la portée de l’étude européenne. « Sur un total de 27 millions d’animaux abattus en 2008 (en Europe), seuls 122 648, soit 0,4% du cheptel, ont été contrôlés aux beta agonistes, dont le Clenbutérol. »
De Boer : « Contador ne doit pas aller chez le coiffeur ! »
Par delà cette bataille de chiffre, la défense de l’Espagnol compte démontrer au comité des compétitions de la fédération espagnole de cyclisme les lacunes du système de contrôle sanitaire dans l’Union européenne. « Les autorités espagnoles ont démantelé un réseau de trafic de Clenbutérol dans les Iles Canaries (NDLR : en octobre) qui impliquait des pharmaciens et des vétérinaires, insiste Douwe de Boer. C’est bien la preuve que le Clenbutérol circule et qu’il est utilisé dans la filière animale. »
De Boer, ancien expert de Landis et plus récemment du pongiste allemand Ovtcharov, blanchi au nom de la thèse de la contamination alimentaire, fait partie d’une équipe scientifique d’au moins cinq membres recrutée par Contador. Le Néerlandais a notamment conseillé au coureur de ne pas se couper les cheveux. Ovtcharov a été innocenté après s’être vu prélever un échantillon capillaire. « Il faut un centimètre pour analyser les traces d’un produit sur un mois, note l’expert, donc pour Contador il faudra qu’il puisse donner au moins trois ou quatre centimètres pour remonter jusqu’au mois de juillet (date du tour de France). » Mais selon de Boer, « il est plus facile de trouver des substances dans des cheveux noirs que blonds ». Enfin une bonne nouvelle pour le gars de Pinto, poussé dans les cordes.