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Contador fait tiquer les vétos

Alberto Contador fait tiquer les vétérinaires

Alberto Contador fait tiquer les vétérinaires - -

Nous avons demandé à des vétérinaires de passer au crible la thèse de la contamination alimentaire au Clenbutérol avancée par le coureur espagnol pour sa défense. Conclusion de nos spécialistes : possible mais rarissime en Europe !

A quoi sert le Clenbutérol dans la filière animale ?
En Europe, ce bêta-agoniste peut être administré au cheptel bovin et équin en raison de ses qualités vasodilatatrices. Il est toléré par voie orale pour des animaux qui éprouvent notamment des difficultés à mettre bas. Mais « le Clenbutérol est administré dans le cadre d’une exception thérapeutique délivrée sur ordonnance », précise Bruno Le Bizec, directeur du laboratoire d’étude des résidus et contaminants dans les aliments (Laberca), installé à Nantes. La législation prévoit des limites maximales de résidus (entre 0,05 ng/g et 0,5 ng/g) avant la mise sur le marché de l’animal, et un temps d’attente avant l’abattage afin de ne pas excéder ces seuils de résidus.

Existe-t-il des animaux positifs au Clenbutérol ?
« Cet été, on a contrôlé un cheval de polo au Clenbutérol, mais il y avait très longtemps qu’on n’en n’avait plus trouvé », raconte Jacques Nardin, vétérinaire-préleveur pour le compte de l’Agence française pour la lutte contre le dopage (AFLD). Si des abus ont été constatés en Europe entre 1988 et 1994, les tricheurs ayant abusé des propriétés anabolisantes du produit, « les cas non-conformes sont rarissimes (0,3% des contrôles) », plaide Le Bizec. L’éleveur risque « jusqu’à 6 mois de prison et 45 000 euros d’amende », explique Michel Pechayre, président de l’Association vétérinaire équine française, et siégeant au collège de l’AFLD.

Contador a-t-il pu être contaminé avec de la viande ?
« Pour détecter 50 picogrammes/ml de Clenbutérol dans les urines, il faudrait que la consommation de la viande date de moins de 24h et que celle-ci contienne une concentration de l’ordre du nanogramme », avance le directeur du Laberca. Selon le coureur, la viande a été consommée le jour même et la veille du test. La pièce en question (aloyau) est moins rétentrice de Clenbutérol que le foie ou le rein. « Les résidus deviennent rapidement non détectables », conclut Le Bizec.

L’avis des vétérinaires
« La probabilité « 0 » n’existe pas mais elle est très infime en Europe en raison de l’interdiction faite aux producteurs de la filière bovine de traiter au Clenbutérol les animaux destinés à la consommation », note Le Bizec. « Ça suppose tellement de concours de circonstances », lâche Pechayre.

Louis Chenaille