Contador, la victoire et le doute

L’Espagnol a remporté son troisième Tour de France l’été dernier devant Andy Schleck. Deux mois avant d’être suspendu provisoirement par l’UCI à la suite d’un contrôle anormal. En attendant de connaître son sort, Contador, qui a toujours nié s’être dopé, n’est pas sûr de pouvoir défendre son titre en 2011.

C’est l’image du Tour 2010. Lundi 19 juillet, 15e étape. Andy Schleck, victime d’un saut de chaîne, replace son dérailleur dans le col de Balès. Pendant ce temps, Alberto Contador en profite pour creuser l’écart avec son rival luxembourgeois. L’Espagnol boucle l’étape pyrénéenne avec 39 secondes d’avance et s’envole vers un troisième sacre. Accueilli par une pluie de sifflets à l’arrivée, le coureur d’Astana déclenche une vive polémique. Au point de présenter ses excuses à Schlek le soir même. « Si les coureurs devaient s’attendre à chaque fait de course, on n’en finirait plus, s’agace Luc Leblanc, notre consultant cyclisme. Le vélo est un sport de gladiateur. On doit laisser le respect dans sa poche. »

Fort de son avance, Contador contrôle ensuite les étapes suivantes avec brio. En point d’orgue : son duel épique avec Schleck dans l’ascension du Tourmalet. L’affrontement entre les deux hommes restera dans la légende. « Contador était à la limite de la rupture ce jour là, se rappelle Leblanc. Il l’a joué au bluff. Il ne pouvait pas faire plus que de contrer Schleck. Si le Luxembourgeois avait accéléré par à-coups, en changeant de rythme, il aurait pu le lâcher et peut-être remporté le Tour de France. » Mais c’est bien l’Espagnol de 27 ans qui sort vainqueur de cette bataille des nerfs.

Quelques jours plus tard, il est couronné sur les Champs-Elysées. Un troisième succès qui le propulse parmi les plus grands. « Contador gagne des courses depuis ses débuts en amateur. Il n’est pas là par hasard, estime Leblanc. C’est le champion type, doué en montagne, sur le plat, dans les chronos. Il est très complet. Si tout se passe bien pour lui dans les prochains mois, il risque de gagner encore quelques Tours. » Sauf que tout ne se passera peut-être pas bien...

Schleck : « J’espère qu’il est innocent »

Deux mois après son triomphe, le Madrilène est suspendu à titre provisoire par l’Union cycliste international. En cause ? Un résultat d’analyse anormal lors de la deuxième journée de repos du Tour de France. Des traces de clenbutérol (un produit interdit) sont retrouvées dans un échantillon d’urine prélevé sur l’Espagnol. Le scandale éclate. Une enquête est ouverte en collaboration avec l’Agence mondiale antidopage. Contador nie toute tentative de tricherie et évoque une contamination alimentaire. Saisie du dossier, la fédération cycliste espagnole doit rendre son verdict courant janvier. Si elle décide de condamner le triple vainqueur du Tour, celui-ci pourra encore utiliser plusieurs recours judiciaires. L’affaire est donc loin d’être classée.

En attendant, le nouveau coureur de Saxo Bank-Sungard n’est pas sûr de pouvoir défendre son titre l’été prochain. Il n’était d’ailleurs pas présent lors de la présentation du Tour 2011 en octobre à Paris. « J’espère qu’il est innocent et qu’il aura la chance de le montrer au public, a alors confié Schleck. Ce n’est pas bien pour le cyclisme. Mais il faut voir ce qu’il y a vraiment derrière cette histoire. » L’avenir de Contador en dépend.

Alexandre Jaquin