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Contador, seul contre tous

L'Espagnol peut savourer son succès. C'est seul que le Madrilène a remporté le deuxième Tour de France de sa carrière

L'Espagnol peut savourer son succès. C'est seul que le Madrilène a remporté le deuxième Tour de France de sa carrière - -

Alberto Contador a remporté pour la deuxième fois de sa carrière le Tour de France. Mais plus que la performance statistique, c’est la force de caractère affichée par l’Espagnol, livré à lui-même au sein de son équipe, Astana, qui force le respect.

C’est en patron qu’Alberto Contador a rallié les Champs-Elysées dimanche. L’Espagnol, désigné parmi les grands favoris du Tour de France, n’a pas failli à son statut et peut savourer le deuxième titre de sa carrière sur la Grande Boucle (le premier datait de 2007, ndlr). En toute légitimité. Car Alberto Contador n’a pas vraiment vécu un Tour de France de tout repos. Au sein de l’équipe Astana, le Madrilène a dû composer pendant trois semaines avec une sacrée donne : l’envie encore intacte d’un revenant. Lance Armstrong.

Dès le départ, la cohabitation entre les deux hommes chez Astana a été houleuse. Deux leaders et deux vainqueurs potentiels du Tour dans le même giron, il ne fallait pas être sorcier pour deviner que les égos des uns et des autres risquaient d’en prendre un sérieux coup. A ce petit jeu-là, c’est l’Espagnol qui s’est rapidement senti fragilisé. D’abord par les propos de son directeur sportif, Johann Bruyneel. Proche de Lance Armstrong du temps de leur collaboration au sein de l’équipe Discovery Channel, le Belge n’a jamais caché son envie de voir le Texan briller en jaune… à Paris.

Un statut de leader… après 15 étapes !

Ensuite par ceux de Lance Armstrong himself. N’était-ce pas l’Américain, qui, à l’issue de la 3e étape (ralliant Marseille à la Grande Motte), n’avait aucun scrupule à afficher ses ambitions ? « Je ne suis pas d’accord avec l’idée qu’il faut qu’il n’y ait qu’un seul chef. J’ai gagné sept fois le Tour de France et on doit respecter ma compétence. La direction de l’équipe doit prendre ça en compte et les choses peuvent toujours changer. Il faut compter avec ma présence. » Ce jour-là, pris au piège par une bordure, Alberto Contador accusait alors 41 secondes de retard sur Lance, troisième. Le lendemain, lors du contre-la-montre par équipes disputé à Montpellier, l’Espagnol comprenait un peu plus le manque de soutien dont il faisait l’objet chez Astana, Armstrong manquant de 22 centièmes le Maillot Jaune.

C’est donc par son seul talent qu’Alberto Contador a remporté ce Tour de France. C’est lui qui a grillé la politesse à tout le monde et notamment à son meilleur ennemi, dans les six derniers kilomètres de l’ascension du Verbier (15e étape, ndlr). Un coup fatal, plus que l’attaque initiée par l’Espagnol à 1,8 kilomètre de l’arrivée de la 7 e étape à Andorre Arcalis. Armstrong, qui n’a pas eu les jambes pour amorcer la moindre contre-attaque, se contentera, bien aidé par Andreas Klöden, de limiter la casse. « Ce soir, la situation est claire », affirmera un Alberto Contador détendu. Lance Armstrong, en affirmant qu’il « n’attaquerait pas l’Espagnol », que ce serait « malhonnête de sa part » et qu’il « serait désormais son équipier », n’en pense pas moins. Le Madrilène aura dû attendre le 15e épisode du Tour pour enfin voir son statut de leader, éprouvé lors de l’arrivée d’Armstrong, de nouveau reconnu.

« Beaucoup d’éléments étaient contre moi (…) Il (Armstrong, ndlr) voulait gagner et moi aussi. Ce n’est pas forcément une situation compatible au sein d’une équipe, mais je me suis bien préparé pour espérer le battre. Tout en sachant que c’est la vérité sportive qui prendrait le dessus. Maintenant, je sais qu’il sera dangereux pour le Tour 2010.» Sauf que cette fois, Contador n’aura pas besoin de livrer bataille avec le Texan jusque dans la même équipe. Bruyneel partant chez Astana, le Texan, lui, a choisi de constituer son propre team. « Il est certain que je serais dans un projet différent de celui de Lance Armstrong, mais il est encore trop tôt pour le dire » a pour sa part confié Alberto Contador.

La rédaction