Cyclisme: cartons jaunes, oreillettes, airbags... les mesures et les pistes de l'UCI pour mieux protéger les coureurs

Comment rendre le cyclisme moins dangereux? Alors que l’année 2024 a été émaillée de chutes aux conséquences parfois terribles, au point que plusieurs acteurs du peloton préconisent désormais un retour en arrière au niveau du matériel, l’Union cycliste internationale a fait un point ce jeudi pour évoquer "l’état d’avancement des initiatives qu’elle a lancées en faveur du renforcement de la sécurité", via la structure SafeR.
Une phase de test avait été lancée ces derniers mois pour étudier diverses mesures susceptibles d’améliorer la sécurité des coureurs: l’introduction d’un système de cartons jaunes, des adaptations concernant l’utilisation des oreillettes ou encore la modification des protocoles applicables à la zone de sprint. L’une des priorités de l’UCI est de sécuriser les sprints, ces moments où les fauves sont lâchés à plus de 70 km/h, avec le risque à tout moment de se retrouver le nez dans les barrières ou sur l’asphalte. Un protocole a ainsi été mis en place pour les étapes avec des sprints massifs.
Des mesures pour sécuriser les sprints massifs
"La règle dite des trois kilomètres peut être étendue à un maximum de cinq kilomètres, à la demande de l’organisateur et sous réserve de l’approbation de l’UCI. Lorsqu’un coureur entre dans la zone menant au sprint final et est victime d’un incident dûment enregistré (par exemple, une chute, un problème mécanique ou une crevaison) dans les trois à cinq derniers kilomètres d’une étape en ligne (hors arrivées au sommet), en fonction de ce qui aura été déterminé avant le départ de l’étape, le coureur se verra attribuer le temps du (ou des) coureur(s) avec lesquels il roulait au moment de l’incident", développe l’UCI dans un communiqué.
Cette mesure vise à réduire la nervosité ambiante en prenant en compte "le nombre croissant de dispositifs de modération de la circulation (par exemple, dos d’âne, saillies de trottoir, rétrécissements de route) - sources de danger pour le peloton - dans un rayon de plus en plus étendu autour des lieux d’arrivée des courses en milieu urbain". La méthode de calcul des écarts de temps pour les étapes avec une arrivée au sprint a également été simplifiée.
Jusqu’à présent, la règle de calcul des écarts de temps signifiait que le même temps était attribué aux coureurs d’un même groupe tant qu’un écart d’au maximum une seconde séparait deux coureurs se suivant (en d’autres termes, s’il y avait un écart d’une seconde ou plus entre deux coureurs, le temps des coureurs du deuxième groupe était calculé sur la base de l’écart séparant le premier coureur de chaque groupe à la ligne d’arrivée). Avec la méthode simplifiée, l’écart de calcul des temps est porté à trois secondes pour les coureurs de tous les groupes de la course, à l’exception des échappées clairement établies.
Une "étude approfondie" sur les oreillettes
"Cette modification vise à simplifier le calcul des écarts de temps pour les étapes avec une arrivée au sprint massif, et à réduire la pression sur les coureurs non directement impliqués dans le sprint en leur permettant de laisser une certaine marge avec l’avant de la course, offrant ainsi plus d’espace aux équipes lançant leurs sprinteurs pour la victoire d’étape", précise l’UCI. Le conseil d'administration de la fédération internationale a en parallèle validé la mise en place de sanctions vis-à-vis des coureurs qui célèbrent la victoire de leur sprinteur avant l'arrivée.
Sont uniquement visés les coureurs des équipes ayant réalisé un train pour leur sprinteur et qui en étant trop démonstratifs décélèrent, souvent sans les mains sur le guidon alors le peloton roule à très vive allure dans les derniers hectomètres de la course. Des célébrations qui peuvent être très dangereuses.
Concernant l’utilisation des oreillettes, l’instance fait savoir qu’une "étude approfondie" est toujours en cours pour "déterminer où des améliorations peuvent être apportées afin de renforcer le suivi de la course pour la sécurité des coureurs et de toutes les personnes impliquées". En 2024, l’UCI a également testé l'introduction de cartons jaunes durant les courses pour sanctionner les comportements dangereux et tenter de freiner l’épidémie de chutes collectives. "La réussite de la phase de test permet l’entrée en vigueur des règlements complets pour la saison 2025", souligne ce jeudi l’instance internationale.
Bientôt des airbags pour les coureurs?
Dans un autre registre, la commission SafeR a recommandé des modifications du règlement concernant les zones de ravitaillement. En 2025, il sera demandé aux organisateurs d’installer une zone de ravitaillement environ tous les 30 à 40 kilomètres, conjointement avec les zones de déchets. Ce changement supprime une disposition introduite comme mesure spécifique pendant la pandémie de Covid-19, qui autorisait le ravitaillement libre le long du parcours.
Enfin, l’UCI révèle que "divers types de solutions liées à l’équipement sont analysés pour améliorer la sécurité, notamment l’utilisation d’airbags pour les coureurs, les réglementations concernant la hauteur des jantes et la largeur des guidons, ainsi que l’étude de restrictions des développements pour réduire les vitesses maximales". "La faisabilité d’un dispositif mesurant la distance entre les coureurs et les véhicules dans le convoi de course fait également l’objet d’une étude. Des détails supplémentaires sur ces projets seront communiqués dans les prochaines annonces de SafeR", indique l’UCI. Une conférence de presse est prévue le 6 février afin d’en savoir plus.