"Le problème du vélo, c'est qu'il va trop vite": les pistes de Madiot pour limiter la vitesse hallucinante dans le cyclisme pro

L'évolution du matériel pose de plus en plus question dans le cyclisme. Si de nombreuses chutes, massives ou non, ont été notées ces dernières saisons, avec parfois des conséquences dramatiques, les principaux acteurs s'interrogent sur la sécurité, en lien avec des vitesses qui ne cessent d'augmenter dans le peloton.
Pour Madiot, "il faut donner des règles aux constructeurs de cycles pour ralentir naturellement le vélo"
Directeur du Tour de France, Christian Prudhomme, a insisté mardi sur le fait qu'il fallait "parler à l'industrie du cycle" pour agir afin "que le cyclisme ne devienne pas encore plus dangereux". Sauf que ce discours est compliqué à tenir dans la mesure où cette même industrie sponsorise et fait vivre la grande majorité des équipes.
Si le cyclisme part "de très loin" sur ce sujet, Marc Madiot estime qu'il y a désormais une "prise de conscience" générale. Le manager de la Groupama-FDJ essaie même d'être optimiste, avec une solution selon lui aux problèmes actuels : "Le seul sujet qui peut permettre de régler la situation, c'est de ralentir l'évolution du vélo. Il faut donner des règles aux constructeurs de cycles pour ralentir naturellement le vélo."
Présent en stage ces derniers jours, Marc Madiot a indiqué que le nouveau vélo de contre-la-montre de son équipe "va 10km/h plus vite que le précédent". "On va de plus en plus vite avec le matériel parce qu'il est de plus en plus aérodynamique", a expliqué le patron d'équipe sur RMC. "Le problème du vélo, c'est qu'il va trop vite. L'outil vélo va trop vite. Que les coureurs s'entraînent pour être les meilleurs, c'est normal. Mais on doit redéfinir ce qu'est un vélo de course. Si on régule, on va ralentir, comme les sports automobiles le font."
Pineau plus pessimiste
Marc Madiot pense par exemple que les constructeurs pourraient rajouter du poids sur les vélos mais "il y a plein d'éléments" qui peuvent jouer entre la fourche, les roues, la largeur ou l'aéro du guidon notamment. L'ancien vainqueur de Paris-Roubaix croit que les marques pourraient s'adapter et continuer à vendre des vélos malgré ces changements éventuels.
Ancien coureur et manager d'une équipe, Jérôme Pineau estime que l'Union cycliste internationale (UCI), qui pourrait prendre ces sujets à bras-le-corps, n'a "pas envie de ça". "Ces gens ont envie que ça aille vers l'avant, plus vite car c'est plus vendeur", a jugé le consultant. "Les marques de cycles envoient un paquet d'argent dans les fédérations. Le problème sera toujours là. Prudhomme a envie de faire ça mais l'instance qui doit le faire ne le fera jamais."
Jérôme Pineau pense également que les marques seront réticentes à l'idée de ralentir les vélos. Mais les enjeux autour du sujet sont très importants. "On souhaite limiter l'impact grave, les chutes mortelles", a résumé Pineau. "C'est pour cela que l'on doit limiter la vitesse. Des chutes parce que ça frotte de trop, il y en aura toujours."