Cyclisme: dopage, photos osées, chantage... Sicot révèle son calvaire avec son ex-directeur sportif

Un "appel au secours" pour se sortir d'un environnement toxique. Dans un témoignage dévoilé ce samedi soir par francetv sport, la cycliste professionnelle française Marion Sicot avoue s'être dopée à l'EPO. Ce qui lui vaut d'être sous la menace de quatre ans de suspension. Contrôlée positive lors du championnat de France du contre-la-montre en juin dernier, elle niait toute responsabilité jusqu'à présent.
La jeune femme de 27 ans, qui évoluait avec la formation belge Doltcini-Van Eyck Sport, affirme cependant avoir été poussée à la faute par des comportements amoraux voire illicites qu'elle dit avoir subi au sein de son équipe: "Il y a tout un processus qui a fait que j'en suis arrivée là, au niveau psychologique, et qui a fait que j'ai dérapé. (...) J'étais tellement perdue que j'étais prête à prendre le risque".
Son choix de se doper visait, explique-t-elle, à se dépêtrer de l'emprise toxique de son directeur sportif. Une décision prise seule, tout en ayant "beaucoup hésité", à l'aide d'une simple recherche sur Internet pour se procurer la substance interdite et apprendre à se l'injecter. "Je me suis dit que (...) peut-être que si j'arrive à obtenir une performance, mon directeur sportif m'accordera autant d'importance que les autres filles, qu'il me gardera dans l'équipe et me laissera tranquille avec cet acharnement", confie-t-elle.
"Il me demande des photos plus osées, en string"
Cette "descente aux enfers" a débuté à la fin de l'année 2018, lorsqu'elle se retrouve obligée de "vendre des vélos" pour avoir le droit de rester dans l'équipe. Seulement, elle est ensuite contrainte par son directeur sportif de payer ses frais de déplacement, en violation du règlement de l'Union cycliste internationale. "Au final, le vélo me coûte de l'argent. (...) C'est illégal. J'ai accepté parce que je voulais faire des courses UCI".
Les relations avec son manager se dégradent "de mois en mois", d'abord avec des "messages de plus en plus blessants" sur son poids et des tâches qui ne lui incombaient pas, puis avec des faits relevant du harcèlement sexuel, raconte-t-elle. "Il me demande des photos à partir de novembre 2018, où je dois me prendre en sous-vêtements devant et derrière tous les lundis matins, selon lui pour contrôler mon poids. (...) Si je ne lui fournis pas les photos, je ne peux pas faire les courses", détaille Marion Sicot, précisant qu'il n'était pas intéressé par une photo de sa balance. Les requêtes s'aggravent ensuite: "Il me demande des photos un peu plus osées, en string. Ça dépasse vraiment les limites. (...) Je refuse et les relations empirent."
Des recours envisagés
Avec les "preuves" qu'elle possède, Marion Sicot espère une certaine clémence pour éviter la peine maximale. Mais elle souhaite aussi empêcher les agissements de son directeur sportif, en alertant non seulement les instances sportives mais aussi la justice: "J'ai un contact avec l'AFLD (agence française de lutte contre le dopage, ndlr) pour faire une dénonciation à l'UCI contre mon directeur sportif. Et je vois avec mon avocat au niveau pénal, pour que ça n'arrive pas à d'autres filles".
Fin février, Le Monde et Cycling News ont rapporté que deux enquêtes de l'UCI sont ouvertes pour des accusations de harcèlement et d'agressions sexuelles dans l'équipe belge Doltcini-Van Eyck Sport. L'investigation s'appuie sur les témoignages de deux jeunes cyclistes, la Canadienne Maggie Coles-Lyster et l'Américaine Sara Youmans. Cette dernière vise Marc Bracke, le directeur sportif, qui nie les allégations portées à son encontre dans les colonnes du quotidien français.