Cyclisme: "J'ai sali mon sport", Marion Sicot, jugée pour dopage à l'EPO

Marion Sicot en 2018 - Icon Sport
"Je regrette d'avoir triché, d'avoir menti, j'ai sali mon sport", a déclaré Marion Sicot, 32 ans, devant le tribunal correctionnel de Montargis (Loiret). Parfois émue jusqu'aux larmes, vélo tatoué sur le bras droit, la sportive a affirmé n'avoir "pas réussi à dire non dans cette quête de performance". "Je n'allais pas bien, je suis allée à la facilité".
Jusqu'à présent, Marion Sicot n'avait évoqué publiquement qu'une injection d'EPO, après un contrôle positif en juin 2019 à l'issue des Championnats de France sur route. Des faits qu'elle avait d'abord rejeté dans son intégralité, avant de les reconnaître en mars 2020. Ce contrôle avait dans un premier temps valu à l'athlète une suspension de deux ans, une peine alourdie à quatre ans par le Conseil d'État au terme d'une procédure de près de trois ans.
A la barre, elle a cette fois reconnu l'ensemble des faits de dopage, révélés par les investigations menées à la suite de son contrôle, notamment différents protocoles de dopage à l'érythropoïétine, mais aussi au clenbutérol - produit destiné aux chevaux -, entre 2016 et 2019.
"J'avais envie de dévoiler une partie de ce que j'avais fait, que j'avais triché, sans assumer totalement", a-t-elle expliqué. Marion Sicot avait aussi précédemment motivé cette injection par l'espoir de faire une performance et regagner la confiance de son manager, le Belge Marc Bracke, de l'équipe Doltcini-Van Eyck, dont elle espérait se détacher en obtenant un bon résultat. Ce dernier, contre qui elle avait déposé une plainte pour harcèlement sexuel en août 2022, classée sans suite, s'était suicidé en octobre 2022. "A cette période, je n'allais pas bien. J'étais dans ma bulle et le vélo était toute ma vie. Je voyais que mon niveau déclinait et, mentalement, je n'étais plus là", a-t-elle également confié.
Sicot: "Tourner la page et poursuivre une nouvelle vie"
L'ancienne cycliste, désormais licenciée au club de triathlon de Châteauroux (Indre) et auto-entrepreneuse dans le coaching sportif, a plusieurs fois martelé que le dopage faisait "partie intégrante de ce sport". Mais pour elle, "il n'y a pas eu de bénéfice professionnel". Elle a décrit sa peur de disparaître sportivement et ses trois années de cyclisme professionnel, un niveau "qui lui coûtait de l'argent" en raison de sa faible rémunération, sans que le dopage ne lui permette de rivaliser avec les meilleures de son sport.
"Le sport et le droit ont un socle commun", a résumé le procureur Jean-Cédric Gaux, pointant des "demi-aveux" et des affirmations parfois "déresponsabilisantes". Il a requis à son encontre un an de prison avec sursis, ainsi qu'une amende de 5.000 euros. "Marion Sicot a déjà payé, lourdement, par cette suspension qui lui a coûté sa carrière sportive", a plaidé son conseil Me Grignard.
A l'issue de l'audience, elle s'est dite "soulagée". "Je vais pouvoir tourner la page et poursuivre cette nouvelle vie". Pour se doper, Sicot s'est approvisionnée via internet, ou auprès d'un proche, contre des paiements compris entre 500 et 1.200 euros. Cet ami, ancien cycliste semi-pro également appelé à comparaître, a reconnu des faits d'importation, d'administration et de détention de produits dopants.
"Cela me désole qu'elle m'ait trouvé sur son chemin" pour se doper, a-t-il déclaré, indiquant qu'il avait agi par intérêt financier. Un troisième prévenu, un médecin suspecté d'avoir établi illégalement des ordonnances aux fins de prescription d'EPO, a nié les faits. Des peines de 18 mois de prison avec sursis, assortis d'une amende de 10.000 euros, et de 18 mois d'emprisonnement avec sursis accompagnés d'une amende de 20.000 euros, avec l'interdiction d'exercer l'activité de médecin pendant deux ans, ont été respectivement requises à l'encontre des deux autres prévenus. Jugement prévu le 22 janvier 2025.