RMC Sport

Cyclisme: "On m’a déjà proposé du travail pour ma reconversion", Pierre Rolland se confie après l'annonce de sa retraite

placeholder video
À 36 ans, Pierre Rolland a annoncé ce mardi qu’il mettait un terme à sa carrière professionnelle, après avoir marqué la dernière décennie notamment par des coups d’éclats sur le Tour de France et deux victoires d’étape sur la Grande Boucle. Une décision prise à la suite de la disparition de sa dernière équipe, B&B Hôtels-KTM. Entretien.

Pourquoi avoir pris cette décision de vous retirer du peloton ?

L’arrêt de mon équipe B&B Hôtels-KTM a bouleversé mes plans, parce qu’initialement, j’avais prolongé mon contrat d’un an. La période d’incertitude autour de l’équipe n’a pas été drôle, cela a vraiment été très long. Plus on s’approchait du dénouement, et moins on imaginait une issue positive. Forcément, je me posais la question de mon avenir. Et cela a été assez rapide dans ma tête, peut-être moins dans celles de mes proches. Mais, continuer, cela voulait dire changer de structure, et il était clair pour moi que je ne voulais pas me remettre sur le marché des transferts. J’ai eu envie de m’arrêter là, parce que j’ai senti que c’était le bon moment.

Vous n’avez pas eu le projet qui vous a convaincu de continuer ?

J’avais la possibilité de rester professionnel. J’ai laissé les managers m’appeler, j’ai écouté leurs propositions. C’était surtout des formations étrangères, que je ne veux pas citer, mais je n’ai pas eu l’impression que j’allais m’épanouir dans ces structures. Aussi bien avec Jean-René Bernaudeau (dans l’équipe Bouygues Télécom puis Europcar de 2009 à 2015, ndlr) qu’avec Jérôme Pineau ensuite (dans l’équipe B&B Hôtels depuis 2019), je n’allais pas au travail, j’allais à un stage ou à une compétition entre copains. Il n’y avait pas de contrainte. Alors quand cela s’est arrêté, je me suis demandé si j’étais encore capable, à 36 ans, d’aller dans une équipe où on parle quinze langues à table et où il y aurait eu peu de liens affectifs. Quand on a fait du vélo comme moi avec le cœur et avec des amis pour la plupart, cela ne faisait pas envie. Je ne suis pas mécontent de m’arrêter maintenant, sur une bonne saison et avec de bonnes sensations.

Quelles sont les réactions depuis votre annonce de retraite ?

J’ai regardé quelques messages et il y en a beaucoup qui font énormément plaisir. À ma grande surprise, on m’a déjà proposé du travail pour ma reconversion, dans des équipes ou pour commenter des courses. Je ne vais pas m’ennuyer ! Depuis que j’avais pris ma décision, j’étais un peu triste. Mais là, après avoir reçu tous ces messages de sympathie, je me sens soulagé. J’ai l’impression d’avoir fait des choses pendant toutes ces années qui ont vraiment plu aux gens. Mais réussir sa carrière, c’est bien, réussir sa reconversion c’est encore mieux ! La vie après le vélo est encore plus longue que celle pendant le vélo.

Justement, pour cette reconversion, qu’est-ce qui vous tente le plus ?

J’ai un projet depuis quelques semaines, il est encore un peu tôt pour en parler mais c’est bien sûr en lien avec le vélo. J’ai couvert des centaines de milliers de kilomètres pendant ma carrière et j’ai envie de faire découvrir tout ce que j’ai vu. Je suis ouvert à toute proposition. J’ai joui d’une liberté pendant ces années de carrière et je ne me vois pas maintenant travailler de 9h à 18h et n’avoir qu’un seul travail. Je ferai un peu tout ce que j’aime.

Quel est le fait le plus marquant que vous retenez de votre carrière ?

S’il y en a un à retenir, c’est évidemment l’Alpe d’Huez (19ème étape du Tour de France 2011, ndlr), parce que c’est mythique et que c’était une journée parfaite pour moi. C’est la montagne que tous les grimpeurs veulent épingler. J’ai fait des choses qui me rendent fier sur une longue carrière de 16 ans, en étant régulier et en me battant avec mes moyens. Quand je regarde dans le rétroviseur, il y a aussi le Giro sous la neige (en 2014), celui quand je gagne mon étape à Canazei (la 17ème du Tour d’Italie 2017), ou encore avoir porté le maillot blanc du Tour de France sur les Champs-Elysées (en 2011). Après j’ai quelques regrets aussi, comme de ne pas avoir gagné le maillot à pois sur le Tour ou une étape sur la Vuelta, pour que ce soit parfait.

Propos recueillis par Kévin Morand