Cyclisme sur piste: "La douleur a été terrible", après l'échec des JO de Paris 20024, Mathilde Gros veut se reconstruire

"On ne s’attendait pas à ce qu’il y ait échec, on n’imagine pas le pire", soupire Maurice Gros, le papa de la championne du monde 2022 de vitesse individuelle. "On ne s’attend pas à ce que ça se passe mal et que ce soit compliqué derrière. On avait l’expérience de Tokyo, donc on pouvait imaginer que si ça se passait mal ça pouvait être compliqué. Mais là, c'est Tokyo en bien pire. On n'avait pas du tout envisagé l’option d’un échec."
Deux mois après les Jeux Olympiques de Paris 2024, d'où elle est repartie sans médaille, la plaie est toujours grande ouverte dans l'esprit de Mathilde Gros et de sa famille. Venue pour le meilleur, elle est repartie avec la pire des sensations, celle d'un échec qu'elle a eu du mal à accepter. "Après les Jeux, j'étais dans les coursives du vélodrome, j'ai hurlé, j'ai crié, je me sentais mourir", expliquait-elle mercredi dans un entretien à L'Équipe et l'AFP.
"Quand votre enfant est mis à terre, vous ressentez une extrême douleur"
Une émotion évidement partagée par sa famille qui fût après les JO e Paris aux premières loges, en vacances avec la Provençale pendant quelques semaines dans le sud de l'Espagne. "La douleur a été terrible. Et tout ce qu’elle vit, on le vit par procuration, donc, nous aussi, le ciel nous est tombé sur la tête quand elle a été éliminée du tournoi de vitesse individuelle", se souvient Maurice Gros. "La douleur a été terrible, à un point inimaginable. Quand votre enfant est mis à terre et tombe de très haut, vous ressentez une extrême douleur."
Dans ce contexte, les parents de Mathilde Gros ont tenté tant bien que mal de la soutenir. "Notre rôle, c'est d’être auprès d’elle et surtout de profiter de la vie en famille sans parler de vélo sauf si elle en a envie", poursuit Maurice Gros. "On a profité des vacances pleinement dans le sud de l’Espagne pour se changer d’air, d’horizon, de langue, d’environnement, mais depuis début août, c'est pesant."
L'occasion est donnée cette semaine à Mathilde Gros d'essayer de panser les plaies encore ouvertes de cet échec olympique. Engagée ce jeudi lors des qualifications de la vitesse individuelle, dont elle fût championne du monde en 2022, la Française espère se rassurer un minimum, mais "sans objectif chiffré", assure son entraîneur Gregory Baugé. "J’espère qu’elle retrouve du plaisir. Moi, je ne lui ai rien imposé, c’est un mondial, rien n’effacera l’échec des JO, mais elle voulait faire ces mondiaux. J’attends d’elle, qu’elle puisse courir librement, sans se dire, il faut à tout prix que je sois championne du monde. Il y a eu un échec aux JO, donc ça vaut le coup de ne pas le prendre à la légère, mais on verra tout ça après le Mondial."
"Il faut tout changer, il n'y a pas de résultats"
Car c’est désormais la prochaine étape pour le clan Gros et pour l'ensemble du sprint français mis en échec cet été à Saint Quentin: tenter de comprendre les raisons du zéro pointé avant de se relancer dans l'olympiade qui doit mener aux JO de Los Angeles en 2028. "Quand il y a un échec à ce niveau-là, c’est un chantier de toutes façons", confirme Maurice Gros. "C’est que forcément il y a des choses à revoir. Il va y avoir des échanges avec le staff, la DTN pour qu’ils lui expliquent quel sera le projet dès 2025, voir si elle s’y retrouve, voir si le diagnostic est partagé."
Mercredi en tout cas à Ballerup, les Bleus de la vitesse par équipe masculine partageaient eux ce diagnostic du "chantier". Cinquième du concours avec ses équipiers Melvin Landerneau et Ryan Helal, Sébastien Vigier ne mâchait pas ses mots: "Je pense qu'il faut tout changer. On a bien vu que ces dernières années, ça n'a pas fonctionné. Les résultats ne sont pas là. On peut le voir, c'est comptable. Il n'y a pas de résultat, il n'y a pas de médaille, ça ne fonctionne pas. Donc, pour moi, il faut changer des choses."