Cyclisme: voitures au milieu de la route, fronde des coureuses... Le Tour féminin des Pyrénées stoppé avant la dernière étape

Une bien mauvaise publicité pour le cyclisme féminin, à l'heure où celui-ci cherche à davantage se professionnaliser et à gagner en médiatisation. Alors que se tenait ce week-end - à un mois et demi du Tour de France femmes 2023 (23-30 juillet) - le Tour féminin international des Pyrénées, une épreuve sur le papier ambitieuse avec 138 coureuses au départ, et 24 équipes dont 6 World Tour, celui-ci... a tourné au fiasco. Et n'est même pas allé au terme de sa troisième et dernière étape. Le tout sur fond de conflit entre les participantes et l'organisation, au sujet des conditions de sécurité.
Des images assez inquiétantes
Tout a commencé vendredi, lors de la 1re étape entre Argelès et Lourdes. Comme le montrent des images relayées sur les réseaux sociaux, les coureuses ont parfois dû slalomer entre les véhicules (et même les piétons) dans le final, le tracé n'ayant pas été fermé à la circulation en amont. Ce qui a pu laisser craindre des incidents graves, et qui a passablement irrité une partie du peloton.
Après des discussions avec les organisateurs, et surtout de nouvelles frayeurs avec des motos, les coureuses ont décidé samedi - en guise de protestation - de s'arrêter en pleine course, pour neutraliser une partie de la deuxième étape sur la route d'Hautacam. La championne de France, Audrey Cordon-Ragot, s'est d'ailleurs exprimée devant le reste des participantes.
C'est dans la soirée de samedi que la situation s'est envenimée. Au terme de deux premières étapes jugées chaotiques, une réunion de crise a été organisée. Pour ne rien arranger. Ce dimanche matin, avant le départ de la troisième étape entre Nay et Bosdarros, plusieurs équipes, à l'image de la puissante Jumbo-Visma, ont annoncé leur retrait, évoquant une nouvelle fois une sécurité pas suffisamment assurée, et le syndicat des coureuses est montée en première ligne. Tout ça pour qu'en milieu de matinée, l'UCI annonce l'annulation de l'étape en question, et donc la fin prématurée du Tour de Pyrénées.
L'organisation dénonce des "caprices d'enfants gâtés"
Si cette décision a semble-t-il été soutenue par une bonne partie des coureuses, l'organisation a toutefois exprimé un point de vue bien différent, faisant part de son mécontentement. "Ce qui se passe, c’est que les filles ont des exigences qui ne sont pas en adéquation avec leur niveau. Elles s’imaginent qu’elles sont sur le Tour de France et que toutes les routes doivent être fermées, que tout doit être verrouillé. Mais en France, on ne peut pas faire ça", a ainsi lâché auprès de la Nouvelle République des Pyrénées le directeur de course Pascal Baudron, avant la confirmation de l'annulation. Ce dernier parlant même... de "caprices d'enfants gâtés".
"Les filles ne se rendent pas compte de la visibilité offerte par la diffusion télé et de l’avenir du cyclisme féminin, où des courses sont en train d’être annulées, a pour sa part déploré la co-directrice Elisabeth Chevanne-Brachet. (...) La décision de l’UCI a été de préférer entendre dix athlètes qui ont remonté les faits au CPA Women, le syndicat des athlètes, et demandé d’annuler la course."
A noter que le classement général a été gelé à l'arrivée de la deuxième étape à Hautacam. C'est donc l'italienne Marta Cavalli de la FDJ, victorieuse samedi dans les Hautes-Pyrénées, qui a été déclarée vainqueure.