Des coureuses "victimes", des équipes disqualifiées... Énorme imbroglio au Tour de Romandie, 5 formations et non des moindres virées juste avant le départ

Commeçons par la fin: le verdict est tombé quelques minutes avant le départ de la première étape du Tour de Romandie, une course par étape de trois jours qui va s'achever dimanche à Aigle, la place forte de l'Union Cycliste internationale (UCI): cinq équipes ont été disqualifiées de ce Tour de Romandie et leurs coureuses n'ont pas pris le départ du contre-la-montre individuel qui constitue cette première étape. Les cinq équipes font partie des cadors du peloton: Canyon//Sram zondacrypto (avec en leader Kasia Niewiadoma, 3e du dernier Tour de France), EF Education – Oatly, Lidl –Trek, Team Picnic PostNL et Team Visma Lease a Bike, l'équpe de Pauline Ferrand-Prevôt non prévue sur la course. Sur les 16 équipes, seules onze ont donc pris le départ.
Toute cette histoire un peu abracadrantesque part pourtant d'un bon sentiment: la volonté de l'UCI de mettre en place des traceurs GPS sur les coureurs et coureuses. Une intiative née de la tragique mort de Muriel Furrer, jeune cycliste suisse de 18 ans, victime d'une grave chute lors de la course junior et qui n'a été retrouvée qu'une heure après sa chute. Elle est décédée le lendemain de ses blessures et aurait eu plus de chance de survie si elle avait été prise en charge immédiatement.
Onze mois plus tard, l'UCI veut donc mener des tests. C'est là que tout part en quenouille et que les versions divergent. L'UCI explique dans son communiqué que toutes les informations ont été données en amont aux équipes, et qu'elle n'avaient plus qu'à désigner laquelle de leur coureuse serait équipée du dispositif.
"Pour rappel, ce test consiste à équiper une coureuse par équipe d'un dispositif de suivi GPS, pesant 63 grammes, pendant les trois étapes (du 15 au 17 août) de la course par étapes féminine de l'UCI Women's WorldTour disputée en Suisse, explique l'UCI dans son communiqué. La même technologie sera utilisée lors des Championnats du Monde Route UCI 2025 de Kigali, au Rwanda, où tous les coureurs seront équipés de ce dispositif."
"Pas juste"
Les équipes contestataires estimaient elles que ce n'était pas a elles de désigner laquelle de leur coureuse sera désavantagée par ce dispositif et demandaient donc à l'UCI de désigner les "punies" puisque toutes les coureuses n'était pas concernées.
Pour le manager général de l'équipe EF (une des équipes disqualifiées), Jonathan Vaugthers, une épreuve World Tour (le plus haut niveau) n'était pas l'endroit le plus indiqué pour un test. "Au-delà de ça, une fois que vous avez choisi d'imposer votre volonté, refuser de sélectionner quelles coureuses allaient être les victimes et reporter la décision sur les équipes? Pas juste. Et ensuite disqualifier les équipes pour ne pas choisir les victimes?"
Seulement 63 coureuses ont pris le départ de la première étape, remportée par l'Espagnole du Team UAE Paula Blasi, devant Urska Zigart, la compagne de Tadej Pogacar qui court pour l'équipe AG Insurance-Soudal.
Pour les fans de théorie du complot, l'UCI balance une petite explication à la fin de son communiqué: " Il convient de noter que la plupart de ces équipes font partie de l'organisation Velon, qui possède son propre système de transmission de données et travaille au développement de son propre système de suivi GPS." Si ce dispositif va vraiment être utilisé lors des championnats du monde au Rwanda, ça promet un certain nombre de rebondissements d'ici là.