Étoile de Bessèges: Madiot dénonce "un petit mépris de certaines équipes" après la désertion d'une partie du peloton

"Je remercie les équipes qui sont toujours là…" Sa voix trahit une émotion sincère. Invitée des Grandes Gueules du Sport ce samedi sur RMC, Claudine Fangille-Allègre a encore des trémolos dans la voix au moment d’évoquer la tempête qui a frappé la veille l’Étoile de Bessèges, la course cycliste dont elle est la patronne depuis le décès de son père Roland, en 2020. Vendredi, un vent de révolte a soufflé dans le peloton lorsque huit équipes ont choisi de se retirer en signe de protestation après la nouvelle intrusion d'une voiture sur le parcours.
L'émotion de l'organisatrice face aux critiques
Une décision radicale et rarissime prise par quelques-unes des formations les plus puissantes du plateau: Soudal Quick-Step, dont le coureur français Paul Magnier occupait la tête du général, Ineos, Red Bull-Bora, Lidl-Trek, Décathlon-AG2R, Uno-X et EF Education. L'équipe française ProTeam (2e division) Unibet Tietema Rockets a fait le même choix. Toutes se sont dites ulcérées par les conditions de sécurité qui, selon elles, n'étaient plus garanties sur cette course de cinq étapes disputée chaque année dans le Gard. Jeudi, les coureurs s'était émus de l'irruption d'une voiture à contresens de la course, entre une échappée et le peloton.
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Rebelote le lendemain lorsqu'un nouveau véhicule s'est présenté à l'entrée d'un rond-point alors que le peloton roulait derrière une échappée. Si certains ont fait le choix de rentrer chez eux, d’autres coureurs ont tenu à rester, notamment pour soutenir les organisateurs et le contingent de bénévoles. "Nous n’avons pas les moyens d’ASO. Et les galères s’enchaînent cette année… L’Etoile de Bessèges n’est pas encore sûre d’être là l’année prochaine", a confié Claudine Fangille-Allègre sur RMC, autant touchée par la désertion d’un partie du peloton que déçue par l'attitude de Décathlon-AG2R et Unibet Tietema Rockets.
"Elles n’ont pas été solidaires. Si jamais L’Etoile doit repartir l’année prochaine, elle repartira avec les équipes qui sont encore là ce matin. (…) Il y a cinq ans, mon papa, quinze jours avant son décès, m’avait dit: ‘Tu sais, Claudine, ça devient compliqué…’ J’ai pensé à ses paroles toute la journée d’hier. Des courses sont en sursis à cause des budgets. On a réussi cette année grâce aux bénévoles. Nous mettons la sécurité en avant, mais nous n’avons pas les moyens de privatiser la route comme ASO", a-t-elle rappelé. Car les problématiques rencontrées cette semaine sur l’Étoile de Bessèges font écho aux difficultés rencontrées par les organisateurs de courses cyclistes.
Madiot demande plus de respect aux automobilistes
"Je n’en veux à personne. J’ai envie de dire que ce n’est la faute de personne et en même temps la faute de tout le monde…", a réagi dans les Grandes Gueules du Sport, Marc Madiot, manager de l’équipe Groupama-FDJ, dont la formation a décidé d’aller au bout de la course. "L’organisateur fait son maximum pour sécuriser son épreuve, il a aussi des contraintes financières, notamment concernant le coût des forces de l’ordre. Il faut payer pour avoir la présence de motards. Les forces de police ne sont pas là gratuitement. Il faut aussi reconnaître qu’il y a un petit mépris de certaines équipes, voire de certains coureurs, par rapport aux organisations de course. Il y a vingt ans, ce genre de situation ne se serait jamais produit. Quand il y avait un incident, il y avait un respect de l’organisateur et des bénévoles. C’est moins évident aujourd’hui pour un certain nombre d’équipes avec le World Tour", a-t-il développé sur RMC.
Pour lui, un autre point concerne "le respect des automobilistes par rapport à ces événements". "On le voit tous les jours dans l’actu, les refus d’obtempérer pullulent. Il y a des incidents parfois très graves entre automobilistes et forces de l’ordre. On se retrouve dans une compétition où la voiture qui a été incriminée jeudi avait été stoppée à deux reprises par les forces de l’ordre. Elle a malgré tout repris la route à contre-sens… Il y a un problème d’éducation. J’ai connu une époque où on respectait la décision du gendarme", a ajouté Madiot, convaincu que le cyclisme se dirige de plus en plus "vers des courses en circuit".
"J’apporte mon soutien aux organisateurs, qui font vivre le sport professionnel. Ils ne sont pas obligés de faire des courses de vélo, ils essaient de mettre en valeur leur région, ça se respecte. Je comprends aussi le souci de sécurité des coureurs. Nous on a laissé le choix aux coureurs de décider. J’aurais sans doute continué, mais le coureur a le droit d’abandonner. Je ne vais pas incriminer un coureur qui abandonne. (…) Imaginons que les petites épreuves françaises disparaissent: que va-t-il rester? Des centaines de personnes se retrouveraient au chômage", a-t-il conclu.