Fédrigo à la poursuite du temps perdu

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Il se verrait bien refaire le coup de 2005. Il y a sept ans, sous les couleurs de Bouygues Telecom, Pierrick Fédrigo avait remporté les Quatre jours de Dunkerque au nez et à la barbe de Vladimir Efimkim et devant Christophe Moreau. A l’époque, le coureur était en pleine forme. Tout comme aujourd’hui après une année 2011 galère où il n’a jamais pu s’exprimer comme il l’aurait souhaité. « Je pense qu’à un moment donné, je suis tombé en dépression, confie-t-il. Je partais m’entraîner et au bout de vingt minutes, je faisais demi-tour parce que je n’avais pas envie. J’avais l’impression que mon corps me disait non. Je ne comprenais pas ce qu’il m’arrivait ».
Sans le savoir, Fédrigo souffre de la maladie de Lyme, autrement appelée maladie du chasseur ou de la tique. Pendant des mois, il s’est senti fatigué, au bout du rouleau, sans comprendre ce qui lui arrivait. Après l’Etoile de Bessèges (où il a fini 4e), il n’en peut plus. « Je suis rentré chez moi et je suis resté quatre jours sans faire de vélo, se souvient le champion de France 2005. Je n’arrivais pas à récupérer ». Les symptômes persistent. Les prises de sang ne révèlent rien. « Le staff essayait de me rassurer mais il trouvait ça bizarre. Je n’étais pas comme j’aurais dû être ». Le Marmandais doit renoncer au Tour de France. Le diagnostic tombe enfin la troisième semaine de juillet. « Quand j’ai su ce que j’avais, ça a été un soulagement ».
Fédrigo : « Je voulais être compétitif »
Le traitement par antibiotiques fait effet rapidement. Le coureur FDJ-Bigmat retrouve ses jambes et l’envie. Il termine correctement la saison 2011 (2e du Grand Prix cycliste de Montréal) et débute en fanfare le cru 2012 avec notamment une victoire d’étape au Critérium international. « Je voulais être compétitif, être acteur. De là à gagner de suite, il faut parfois un peu de réussite », dit celui qui a déjà participé à douze courses cette saison.
Ce vendredi midi, Fédrigo prendra le départ de Dunkerque avec confiance, en espérant succéder à Thomas Voeckler, vainqueur en 2011. « J’espère bien qu’il va mettre la balle au fond, s’exclame son manager Marc Madiot. Et qu’il va continuer à gagner des courses ». Le patron de l’équipe compte aussi sur son protégé pour le Tour de France. A 33 ans, le triple vainqueur d’étape (2006, 2009, 2010) se sent aussi bien qu’un jeune coureur. Sa maladie, il ne veut plus y penser. D’ailleurs, il est déjà retourné chasser la bécasse.