Gadret l’a bien méritée

John Gadret en montagne, son terrain de jeu privilégié. - -
Le sport de haut niveau récompense les courageux. La 11e étape du Giro a encore renforcé l’antienne avec la victoire du Français John Gadret (AG2R) à Castelfidardo. Un succès de prestige, la première grande victoiure sur route de sa carrière (et la première d’un coureur tricolore sur ce Giro), qui récompense un attaquant plein de panache, jamais plus à l’aise que lorsque la route se met à s'incliner. Un profil de grimpeur à l'ancienne mêlé à un gabarit de jockey pour un cocktail qui en a fait un des chouchous des « suiveurs » français.
A force de tourner autour, il fallait bien qu’il en accroche une belle, John. Mission accomplie. Une victoire au talent mais facilitée par le scénario du jour. Avant le départ, Alberto Contador, leader du Giro, avait laissé planer le doute sur la volonté de son équipe de conserver le Maillot Rose. Une intention entendue par Christophe Le Mével, troisième du général, qui ne s’est pas fait prier pour démontrer une nouvelle fois sa belle forme du moment. A 80 kilomètres du but, le coureur de Garmin s’est échappé avec dix autres coureurs.
Attaque foudroyante
Un temps leader virtuel, le Français n’a pas pu contenir le retour du peloton derrière les efforts des Saxo Bank, réveillés par Contador, leur leader, dont le coup de bluff n’aura donc pas résisté à la menace Le Mével. Le triple vainqueur du Tour de France franchira même la ligne d’arrivée en cinquième position, s’offrant neuf secondes d’avance supplémentaires sur un Le Mével à bout de souffle dans les dernières pentes (et qui recule au 4e rang du général). Et à qui a profité tout ça ? A Gadret, bien sûr. Resté aux avant-postes, l’ancien champion de cyclo-cross, désormais 12e du général (il avait fini 13e du Giro et 19e du Tour de France en 2010), a placé une attaque foudroyante à 200 mètres du but et s'impose devant Joaquim Rodriguez (Katusha). Doigts pointés vers le ciel au moment de franchir la ligne, John a dédié son succès au Belge Wouter Weylandt, mort sur les routes du Giro le 9 mai. Pour tout ça, et pour tout ce qu'il représente, il l’a bien méritée, sa belle victoire.