Gadret, prophète en Italie

John Gadret - -
Il s’est invité à la table des grands. Deux jours avant le départ de la 95e édition du Tour d’Italie, John Gadret a participé, aux côtés de Fränk Schleck (Radioshack), Ivan Basso (Liquigas), Michele Scarponi (Lampre), Joaquin Rodriguez (Katusha), Roman Kreuziger (Astana) et Thor Hushovd (BMC), à la présentation de l’épreuve. « Je le mérite vu ce que j’ai fait l’année dernière », lâche-t-il. L’an passé, le coureur de la formation AG2R a en effet crevé l’écran en remportant une étape avant de terminer 4e du classement général. Le déclassement d’Alberto Contador, vainqueur déchu pour dopage, l’a même projeté sur le podium (3e).
Du coup, à la veille de s’élancer depuis Herning… au Danemark, il croule sous les sollicitations. Avant d’affronter la furia italienne. Car le leader de la formation AG2R est chez lui de l’autre côté des Alpes même s’il n’a pas encore pris la peine d’apprendre l’italien. « Ils aiment mon style qui se rapproche un peu de Pantani, explique l’ancien vététiste. C’est mon idole mais en aucun cas, je ne copie des trucs sur lui. » Avec ses boucles d’oreille, son crâne rasé et son petit gabarit (1,70m, 58kg), la ressemblance fascine en Italie et dérange en France.
« Je me sens plus apprécie en Italie qu’en France »
« Je me sens sincèrement plus apprécié en Italie qu’en France, regrette le natif d’Epernay (Marne). Pour cela, il faut faire le Tour de France et gagner des étapes. Moi, je fais ma carrière à l’étranger mais ça fait partie de mon truc. Il y a des gens qui passent bien et d’autres non. Je ne passe peut-être pas en France mais ce n’est pas grave. » Boudé, il ne participera donc pas au Tour de France cette année. Au plus grand bonheur des tifosi qui attendent les envolées de ce coureur âgé de 33 ans.
Avant cela, il faudra éviter les bordures lors des deux premières étapes très venteuses au Danemark. « J’ai hâte d’arriver en Italie, s’impatiente-t-il. J’ai surtout hâte d’arriver dans la montagne pour voir mon état de forme et ceux des leaders de chaque équipe. » Après avoir regretté d’avoir pris la troisième place sur tapis vert, il envisage de monter « pour de bon » sur le podium à Milan le 27 mai prochain. « Je vais tout faire pour savourer ce moment qui doit être superbe, promet-il. Même si je sais que j’ai très peu de chance de gagner. » S’il n’était qu’une surprise l’année dernière, son statut a changé. « Je suis plus surveillé, constate-t-il. On m’attend. » Dans le peloton mais aussi sur les bords de la route.
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Du Danemark aux Dolomites|||
Si le Tour de France s’exporte régulièrement à l’étranger pour y donner son Grand départ, le Tour d’Italie innove cette année en se délocalisant au Danemark. Pendant deux jours, le peloton devra se méfier des bordures en raison du vent qui souffle dans le Nord de l’Europe. Il devra ensuite éviter les pièges dans sa descente vers le sud par les Abruzzes avant de remonter vers le Nord pour un final corsé. Pendant trois jours, les coureurs enchaineront les arrivées au sommet à Cortina d'Ampezzo, Alpe di Pampeago et au Stelvio (2757m d’altitude). Un menu copieux qui pourrait correspondre à John Gadret. Au rayon des favoris, Michele Scarponi, qui a récupéré le gain de la victoire sur tapis vert, se verrait bien monter sur le podium. Appelé de dernière minute pour pallier le forfait de Jakob Fuglsang, Fränk Schleck postule au même titre qu’Ivan Basso (Liquigas), double vainqueur du Giro en 2006 et 2010, Roman Kreuziger (Astana), Damiano Cunego (Lampre) ou Joaquim Rodriguez (Katusha).