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Gerrans, la prime à la malice

Simon Gerrans

Simon Gerrans - -

Pas forcément attendu en vainqueur, Simon Gerrans a mis tout le monde d’accord ce samedi, en remportant Milan-San Remo, au sprint, devant Fabian Cancellara et Vincenzo Nibali. Le tout à l’issue d’une course parfaitement maitrisée.

Un peu d’honnêteté. Au départ ce samedi matin de la 103e édition de Milan-San Remo, peu d’observateurs auraient misé un billet sur Simon Gerrans. Non pas que l’Australien n’ait pas les armes pour remporter la première grande classique de la saison. Mais parce que Fabian Cancellara, vainqueur en 2008, n’avait pas l’intention de se faire voler la vedette deux années de suite par un Australien (Matthew Goss l’avait battu en 2011, ndlr). Et que de son côté, Vincenzo Nibali avait annoncé à qui voulait l’entendre qu’il attaquerait dans le Poggio. Et ferait la différence à ce moment-là.

Ce plan de route, l’Italien l’a bien appliqué à la lettre. Ce qu’il n’avait pas prévu, en revanche, c’était l’abnégation de Gerrans, parti dans sa roue et la détermination de Cancellara, revenu rapidement à leur hauteur. Le Suisse n’a pas ménagé ses efforts et à six kilomètres de l’arrivée, c’est lui qui imprime un train d’enfer et assure les relais en solo, condition sine qua none pour ne pas voir le reste du peloton les reprendre. « Si je n’avais pas pédalé, les autres seraient venus et la course était perdue, lâche Cancellara. Je ne voulais pas ça. J’aurais pu régler les choses un peu plus tôt mais après 300 kilomètres, c’était compliqué. J'ai pris le risque, je ne pouvais pas faire plus, j'avais l'acide lactique qui me sortait des oreilles. Gerrans a abattu sa carte au bon moment. Et il a gagné. »

Un début de saison en fanfare

Moins émoussé que le Suisse, Gerrans a su attendre son heure. La bonne distance très exactement puisque c’est à 100 mètres du finish qu’il règle Cancellara et imite son compatriote Matthew Goss. « Fabian, on l’a vu, était le plus fort à la fin. Mais j’ai été le plus malin » lâche, souriant, le héros du jour, tout heureux de son affaire. Sa malice lui a évité de tomber dans le piège de la Manie, deuxième difficulté du jour fatale à Mark Cavendish. Elle l’a immunisé d’une faute dans la Cipressa, l’avant-dernier obstacle de la course, éliminatoire cette fois pour Philippe Gilbert, pris dans un accrochage.

Elle lui a surtout permis, après son titre de champion d’Australie et sa victoire en janvier sur le Tour Down Under, de gagner la première classique de sa carrière. Et de confirmer son excellent début d’année 2012. « Gagner ici ? Je n’y avais jamais pensé, confie Gerrans. Si je ne fais rien jusqu’à la fin de l’année, ce sera déjà super pour moi, après mon titre de champion d’Australie et ma victoire ici. »