"J'ai sacrifié mes proches et ma vie pour les JO de Paris": les nouvelles ambitions de Mathilde Gros pour son retour à la compétition

Mathilde Gros, après avoir fait l’impasse sur les championnats d’Europe en février à Zolder, en Belgique, dans quel état d’esprit revenez-vous en équipe de France?
Je suis vraiment très contente de pouvoir être sélectionnée sur ce championnat du monde. J’avais dû renoncer aux championnats d’Europe car je n’étais pas à 100 % et ça m’a rendue triste car je n’avais encore jamais loupé une échéance comme celle-ci. Pour ces championnats, je me suis entraînée dur et j'ai changé pas mal de choses. Bien sûr, ce n'est pas une finalité, mais c’est un bon test. Ce sera important de voir après ce qui a marché et ce qui n'a pas marché.
Justement, quels sont vos objectifs sur ces Mondiaux?
Tout donner et me sentir libérée. À la fois sur la vitesse individuelle et le keirin. À partir du moment où je prends le départ, l’objectif c’est de repousser mes limites et de voir jusqu’où ça peut me mener.
Après l’échec des Jeux olympiques de Paris 2024, qu’avez-vous mis en place pour repartir de l’avant?
Je suis partie deux mois en Nouvelle-Zélande, de mars à mai. J’ai pu m’entraîner avec la double championne olympique actuelle, Ellesse Andrews. J'ai découvert une nouvelle culture, j'ai réappris à aimer les choses simples du quotidien. Mentalement, ça m’a aussi permis de mettre de la distance: le vélo et nos résultats ne définissent pas qui l’on est. Et finalement, entre ici et là-bas, les méthodes d’entraînement ne sont pas si différentes. C'est là où on se rend compte que c'est vraiment l'état d'esprit dans lequel on va être qui va déterminer si oui ou non on va être à 100%, en pleine totalité de nos moyens, pour pouvoir performer le jour-J.
Vous avez également quitté le pôle de Saint-Quentin en Yvelines pour retourner dans le Sud?
Oui, tout à fait. J'ai eu la chance de pouvoir énormément discuter avec Florent Rousseau (directeur technique national de la Fédération), qui était très à l'écoute des besoins mentaux pour la suite, pour pouvoir repartir après les Jeux. Franchement, j'ai été super contente de pouvoir extérioriser certaines choses. C’est comme ça qu’on a créé ce nouveau projet. C'est vraiment un contexte inédit pour l'équipe de France sprint. Ce n'est jamais arrivé d'avoir ces deux statuts d'athlètes indépendants et des athlètes au pôle.
Vous parliez des Jeux de Paris. Comment avez-vous vécu cet échec?
Très mal. Ça a été très dur à encaisser. On s'entraîne tous les jours 24h sur 24, on ne pense qu'à ça depuis des années et des années. On rate énormément de moments en famille, anniversaires, baptêmes… même Noël ou le Nouvel an, où on regarde l'heure pour aller se coucher. Et quand tout ce qu'on a investi, finalement, ça ne marche pas, c'est très douloureux. Je ne regrette rien, mais je n'ai pas atteint mon objectif alors que j'ai sacrifié mes proches, j'ai sacrifié ma vie.
Est-ce que vous avez songé à arrêter votre carrière?
La déception a été si grande que forcément, j’y ai pas mal réfléchi après les JO. Savoir si je voulais me relancer là-dedans. Mais en fait, le vélo, c'est quelque chose que j'aime, j'aime le quotidien que je fais, je me dis que j'ai énormément de chance. On repart sur une dynamique hyper positive. Et pour cette nouvelle olympiade j’aimerais faire quelque chose de différent, appréhender autrement la pression, les résultats…
Est-ce que cela passe par un nouveau staff? Avec les nominations de Quentin Lafargue, Anthony Baré, Iris Sachet, Samuel Monnerais …
Bien sûr, ça va beaucoup nous apporter. Quentin, déjà quand il était athlète, a toujours été très bienveillant envers tout le monde. Anthony Barret à l'heure actuelle, c'est l'entraîneur du pôle, il a toujours fait en sorte qu'on soit dans les meilleures dispositions. Maintenant, le but est de recréer un collectif vraiment "sprint-endurance" et non pas d’avoir deux entités séparées. Je pense que tout le monde est dans ce nouvel état d'esprit et ça va être plus que positif pour la suite.
Nouveau staff, nouveaux coureurs, est-ce que c’est une nouvelle équipe de France qui se présente sur ces championnats du monde?
Oui c'est une nouvelle équipe de France et je pense que c'est important de le dire, ça ne sera sûrement pas parfait à ce Mondial. Mais tout le monde ici, chaque athlète, chaque staff donne son maximum depuis déjà plusieurs semaines, plusieurs mois pour être à son prime sur ces championnats du monde. Bien sûr ce ne sont pas des Jeux olympiques mais ça reste une grosse échéance pour nous. Il y a plein de nouvelles arrivées et on a tous envie d'être dans le même bateau et d'aller le plus loin possible pour porter les couleurs de la France.
Et les Jeux olympiques de Los Angeles en 2028?
On en parle déjà alors que j'ai l'impression que Paris c'était hier. Maintenant, j'essaye de ne plus retomber dans la routine championnat du monde, qualifications, JO, et après on arrête. J'essaye vraiment de couper ça et de prendre tous les événements les uns après les autres. Je veux vraiment rester les pieds sur terre un maximum, tout donner pour cette équipe de France et j'espère être à la hauteur de leurs attentes.