
Kenny Elissonde: "le Team Sky n’est pas aussi robotisé qu’on le pense"

Kenny Elissonde derrière Chris Froome - AFP
Sky, le nouveau monde
Chaque équipe à ses propres caractéristiques. Maintenant, c’est vrai que cette équipe aime faire les choses en grand. Ce sont des perfectionnistes. Les autres équipes ne sont pas amateurs, mais là c’est autre chose. Cette équipe a intégré la victoire comme une normalité. Ils mettent tout en œuvre pour faire gagner les coureurs. C’est normal quand il y a une victoire et pas normal quand il n’y en a pas. Ça engendre une sorte de pression, mais c’est aussi pour cela qu’ils mettent tout en œuvre pour nous faire gagner. Je ne regrette pas.
La FDJ toujours dans son cœur
Je ne suis pas sûr que Marc Madiot (ndlr : manageur de la FDJ) ait compris (ndlr : son choix). C’est la vie d’une équipe. Des coureurs viennent et partent. Mais il n’y a pas d’animosité. On est resté en bons termes, notamment avec le staff. La FDJ garde une place spéciale dans mon cœur. Je roule et je veux les victoires pour le Team Sky, mais je garde un œil sur les résultats de la FDJ.
Une acclimatation express
C’est le grand saut. Surtout que j’avais les caractéristiques qui collaient à la FDJ. C’est pour ça que c’est un défi de changer. Il fallait le faire assez vite, prendre vite le pli car on n’a pas deux chances de faire bonne impression. Je pense que ça s’est bien passé. Ça serait dommage de regretter au bout de quelques mois. Chaque expérience est bonne à prendre. C’est dur d’obtenir des sélections sur le Grands Tours. Il y a des coureurs à foison pour ce rôle-là dans cette équipe. Obtenir une place, c’est donc une preuve que mon début de sélection est assez prolifique et que l’équipe est contente de ce que j’ai pu apporter. C’est un petit signe de confiance. C’est clair qu’il est bon à prendre. J’ai hâte d’apprendre aux côtés de l’équipe ces prochaines semaines.
Un Giro au service des leaders
Un bon Giro pour l’équipe, ça serait la victoire. Nous avons deux leaders (ndlr : Geraint Thomas et Mikel Landa) assez complémentaires. D’un point de vue individuel, ça serait d’être un bon relai en montagne. Continuer d’apprendre auprès de l’équipe. Un peu moins de carte blanche sur les étapes. On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. Je ne pense pas de manière individuelle, mais collective. C’est à l’image du Team Sky. C’est un gros collectif, plus que des individualités. Quand on rejoint l’équipe, on sait ce qu’il va en être. Je le prends comme une chance. On sait quel est notre rôle, mais ce n’est pas aussi robotisé qu’on le pense. Il y a quand même beaucoup de place pour la sensation et le feeling. J’ai gagné ma première course au Tour des Alpes (ndlr : avec Geraint Thomas qui s’est imposé). Les sensations étaient là. J’ai pris du plaisir à rouler devant. C’est calculé, mais c’est moins froid que ce que je pensais.
Froome et sa carapace
C’est quelqu’un de très simple, très humble. Un peu timide. Il ne va pas taper du poing sur la table. Il est calme. Tout ce qu’il a prouvé, il l’a prouvé à la pédale. Il est également de bon conseil et parle un peu français. Il est peut-être parfois trop gentil pour être un champion. Maintenant, sur un vélo, il se transforme. Depuis 2011 et le moment où tout s’enchaîne, il s’est renforcé. Il a tellement subi. Rien que d’être à son contact, on peut sentir à quel point c’est lourd d’être Chris Froome. Et encore, je pense qu’il le vit très bien. Etre un grand champion comme ça et être décrié, ça ne doit pas être facile. Il a dû se former une petite carapace. Avec toute la pression qu’il a sur le Tour de France j’aurai peut-être perdu mon sang-froid avant lui.