RMC Sport

L'étau se resserre autour de Longo

Jeannie Longo sera-t-elle au départ du contre la montre des Mondiaux mercredi ?

Jeannie Longo sera-t-elle au départ du contre la montre des Mondiaux mercredi ? - -

Mise en cause par de supposés liens que son mari et entraîneur Patrice Ciprelli aurait pu avoir avec un revendeur américain de produits dopants, la championne cycliste prépare ses Mondiaux dans une ambiance de plus en plus irrespirable.

Est-elle impliquée dans cette affaire ?
Pas directement. Les échanges de mails supposés entre Patrice Ciprelli, son entraîneur et époux, et Joe Papp, ancien coureur dopé et repenti, à propos d’une livraison d’EPO en mai 2007, ne mentionnent pas le nom de la coureuse. Dans l’entretien accordé et publié par L’Equipe dans son édition datée de mardi, l’Américain, qui a été revendeur de produits dopants dans les années 2006-2007, déclare : « Je lui ai vendu de l'EPO à cette époque. (…) Ciprelli n’a pas mentionné son nom, il a parlé de sa femme. » Le flou concernant la destination de la transaction n’en n’est que plus grand quand on sait que Ciprelli a également entrainé Edwige Pitel, grande rivale de Longo, dans la seconde moitié des années 2000. La Bretonne s’est immédiatement insurgée à la vue des informations. « Me mouiller là-dedans sans aucune preuve, en faisant des associations, je suis ulcérée. Me mêler à un truc d’EPO, moi qui ait toujours été irréprochable, je hurle après tous ceux qui se dopent, et là maintenant on me met là-dedans, on salit mon image gratuitement. » Par le biais de leur avocat, époux Longo-Ciprelli nienet en bloc. « Il a contesté avec énergie ces accusations qui sont scandaleuses et qui sont des faux grossiers. Il ne connaît pas ce Joe Papp, il n’a pas eu d’échanges avec ce monsieur », indique Me Ravaz. « C’est impossible, IM-PO-SSIBLE », s’insurge Guy Chanal, ami de la cycliste, et président du Palais des Sports de Grenoble.

Ira-t-elle aux Mondiaux ?
C’est son intention. Ces derniers jours, Jeannie Longo a avalé des kilomètres dans l’arrière-pays grenoblois pour préparer l’épreuve du contre la montre des Championnats du monde (le 20 septembre). Un programme inchangé malgré l’annonce de ces trois manquements au devoir de localisation du règlement antidopage, qui l’a rend passible d’une suspension allant de 3 mois à 2 ans. Quand elle n’est pas sur son vélo, la Française est au chevet de son père, mal en point ; elle a ainsi dormi à l’hôpital dimanche soir. « Elle se prépare pour les Mondiaux », assure son avocat. A moins que la Fédération française de cyclisme ne l’en empêche. « Dès que nous recevrons le dossier de l’Agence française pour la lutte contre le dopage, la commission de discipline ouvrira une procédure disciplinaire, indiquait mardi le président Lappartient, et le règlement de l’UCI interdit qu’un athlète sous le coup d’une procédure soit sélectionné. »

Existe-t-il un lien entre les deux affaires ?
Difficile d’être affirmatif en l’état. Même si les informations sont parues à cinq jours d’intervalle, les deux « affaires » paraissent distinctes. L’AFLD a averti la coureuse à trois reprises, en juin pour la dernière fois, pour ne pas s’être présentée aux contrôleurs, et c’est ce dossier qui doit arriver sur le bureau de David Lappartient dans les jours à venir qui peut règlementairement justifier l’ouverture d’une procédure disciplinaire. Les révélations de L’Equipe concernant un recours supposé du couple Ciprelli-Longo à l’EPO ne peuvent qu’encourager la FFC à clarifier la situation. Cette dernière n’a pas attendu pour suspendre à titre conservatoire l’entraîneur. « Gardons-nous de tout amalgame », a ainsi mis en garde la ministre des Sports Chantal Jouanno.

L’image de Jeannie Longo est-elle écornée ?
Elue sportive préférée des Français en 2011, sa cote de popularité reste encore élevée malgré les soupçons qui l’entourent. « Elle sert de bouc-émissaire pour un certain nombre de gens, lance Gilles, cycliste parisien amateur. Depuis le temps qu’elle court, si elle se dopait, cela se saurait. » Un sentiment partagé par Philippe : « J’ai beaucoup d’admiration pour cette femme qui a énormément travaillé. Il faut maintenant qu’on la laisse tranquille. » Pour le grand public, même si la cycliste aux 52 titres de championne de France risque jusqu’à deux ans de suspension, comme le confie Jacques, un autre amateur, « elle restera toujours la grande championne Longo. » Un avis absolument pas partagé par David Lappartient, patron de la FFC, pour qui l’« image (de Jeannie Longo) est forcément écornée. »