L’honneur perdu du Pistolero

L’honneur perdu d'Alberto Contador - -
« Je suis prêt à tout perdre, mais pas mon honneur ». Vendredi à Majorque, devant une centaine de journalistes rassemblés dans un hôtel cinq étoiles, non loin de Palma, où sa formation est en stage, le leader Saxo Bank est venu restaurer une réputation qu’il estime avoir été « salie ». Deux jours après avoir été notifié par sa fédération d’une possible suspension d’un an pour son contrôle au Clenbutérol sur le dernier Tour, Alberto Contador a évoqué la « honte ». « Quand j’ai appris la nouvelle, j’ai demandé à mon manager (Bjarne Riis) de rentrer chez moi, dans ma famille. Je n’oublierai jamais que ce qui n’est qu’une proposition a été rendu public dans la presse. Ces derniers mois, j’ai failli arrêter à plusieurs occasions. »
Habillé d’un polo blanc, la gorge nouée, l’œil noir, flanqué de Bjarne Riis et Andres Damgaard (chargé de communication Saxo Bank) et de son fidèle porte-parole Jacinto Vidarte, le Pistolero à l’honneur perdu a fait part de son désenchantement. « A la fin de ma vie de sportif, j’aurai subi 500 contrôles, la plupart par surprise, dans ma maison, lors de repas familiaux, d’anniversaires de proches…(…) Je sais que j’ai une responsabilité énorme, je suis un exemple pour beaucoup, je peux le dire je ne me suis jamais dopé. »
Touché mais pas coulé, le triple vainqueur de la Grande Boucle a sonné la charge contre la politique antidopage et les règles en vigueur. « On est sous le règne d’une loi obsolète (NDLR : alors que le laboratoire de Cologne a décelé une dose très faible [50 picogrammes], la défense de Contador milite pour l’instauration d’un seuil de positivité). Je ne crois plus au système antidopage. J’ai découvert les carences et la pauvreté de mon sport pour lequel j’ai donné toute ma vie. Une règle obsolète me jette à terre. »
Contador pourrait quitter le stage dès samedi
Remonté, Contador n’a pas caché sa colère envers les autorités de son pays et les instances internationales, qu’il n’a pas hésité à rendre responsables de sa situation. « La fédération s’est transformée en un tribunal public dans la lignée de l’UCI, ils ont eu un papier qui vient d’assez haut pour faire cette proposition. » Interrogé sur les commentaires de Pat McQuaid, boss de l'UCI, affirmant que « Contador avait fait du mal au cyclisme », le coureur a marqué un long temps d'arrêt, avant de lâcher : « Beaucoup de choses m'ont affecté, ça en fait parti...»
Pour finir, le Madrilène s’est déclaré prêt à « poursuivre le combat jusqu’au bout », sous-entendant un possible recours devant le Tribunal arbitral du sport (TAS), à Lausanne, si la peine venait à être confirmée dans les jours prochains. Selon nos informations, le coureur pourrait abandonner ses coéquipiers (en stage jusqu’au 2 février), samedi pour rejoindre ses avocats dans la capitale espagnole. Sans inquiétude pour son avenir chez Saxo Bank, Bjarne Riis ayant une nouvelle fois renouvelé son soutien à son leader. Contador n’a pas tout perdu.