La balade olympique de Bresset

Julie Bresset - -
Il y a des signes qui ne trompent pas. Même lorsqu’il ne s’agit que d’une simple photo. Arrivée lundi dernier au village olympique, Julie Bresset a pris la pose aux côtés de Tony Estanguet. Au cou du triple champion olympique de C1, sa médaille d’or acquise à Londres. Une invitation au rêve pour la jeune vététiste de 23 ans. Mais surtout à la consécration pour celle qui rafle tout dans sa discipline. Invitation reçue cinq sur cinq. Après six tours rondement menés, Julie Bresset est devenue, en 1 heure 30 et 52 secondes, la première Française à être sacrée championne olympique de VTT cross-country. Une double perf’ pour celle qui découvrait à Londres ses premiers JO.
Championne du monde en 2011 chez les moins de 23 ans, championne d’Europe espoirs la même année, championne du monde et d’Europe en relais par équipes. Sans compter son succès au classement général de la Coupe du monde 2011, ses dix podiums en 12 étapes dans cette compétition, sa Coupe de France (2011) et ses cinq titres nationaux. Forcément, avec un tel CV, la native de Saint-Brieuc avait le pedigree pour imiter Tony Estanguet. Ce qu’elle a fait en glanant l’or samedi après-midi. Mais c’est surtout Julien Absalon qui a inspiré la Bretonne.
Avec un air d’Absalon
Le grand frère. Le modèle. Le taulier du VTT masculin, celui à qui Julie Bresset souhaite ressembler. Et avec qui elle a partagé, samedi, un fort mimétisme. Comme le Vosgien à Athènes puis à Pékin, Julie n’a laissé aucune chance à ses concurrentes, la tenante du titre allemande Sabine Spitz et l’Américaine Georgia Gould. Malgré un petit chahut dans le premier tour, la Française a construit sa victoire dès les premiers hectomètres du parcours artificiel d’Hadleigh Farm. Comme Absalon, Bresset a donc fait ce qu’elle voulait. Et c’est encore à sa manière, comme à Athènes il y a huit ans, qu’elle se saisira d’un drapeau tricolore avant la ligne d’arrivée, l’agitera tout en roulant avant de soulever son vélo de bonheur. Et de fondre en larmes, enfin, à l’écoute de la Marseillaise. « Elle a parfaitement géré la course, salue, admiratif Miguel Martinez, premier médaillé olympique français en VTT, en 1996 à Atlanta. Dès les premiers tours, elle avait déjà pris le dessus, elle n’a ensuite plus eu qu’à gérer. »
Deux jours avant son sacre, elle chutait pourtant à l’entraînement et devait se faire poser sept points de suture à un coude. Insuffisant pour l’empêcher de rapporter la sixième médaille au VTT français depuis l’apparition de la discipline aux JO 1996. « C’est la consécration d’une très jeune championne qui bouscule toutes les statistiques, s’enflamme l’entraîneur national du VTT, Yvon Vauchez. D’habitude, on arrive à maturité à la trentaine. Elle écrit une nouvelle page de sa jeune carrière pour apparaitre au sommet de l’Olympe. Elle nous épate depuis les années juniors. C’est un exemple unique à 23 ans. » Et à cet âge, l’avenir lui appartient. « Elle est partie pour un très grand règne », insiste encore Cyrille Guimard, consultant cyclisme pour RMC Sport. Comme celui d’Absalon, qui briguera ce dimanche une troisième couronne olympique ? C’est tout le mal qu’on peut lui souhaiter.