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Le coffre-fort d’Armstrong en danger

Lance Armstrong

Lance Armstrong - -

Avec le dépôt officiel d’une plainte du Department of Justice pour fraude d’argent public, Lance Armstrong va devoir livrer une bataille justice contre le gouvernement US. Le risque ? Une amende de… 150 millions de dollars. De quoi le laisser sur la paille.

Il a beau s’imaginer une rédemption « comme Bill Clinton », Lance Armstrong n’en a pas fini avec sa descente aux enfers. Loin de là. Et après la contrition médiatique, place à la bataille judiciaire. Un défi plus difficile que de grimper les cols façon mobylette à essence frelatée. Car cette fois, il s’agit d’affronter l’Etat américain. Ce dernier, via le Department of Justice (DOJ), équivalent US de notre ministère de la Justice, a ainsi procédé, ce mardi, au dépôt formel d’une plainte contre l’homme déchu de ses sept succès sur le Tour de France. L’idée ? Le Texan est accusé d’avoir trompé le gouvernement en utilisant de l’argent public, à travers le sponsoring de son équipe par US Postal Services (USPS), le service public des postes, pour financer notamment un programme de dopage. 

Comme promis depuis février, le DOJ s’associe à la plainte pour fraude déposée par Floyd Landis, ancien coéquipier d’Armstrong qui a provoqué le début de sa chute par ses révélations, sur la base de la loi sur les fausses déclarations. Incité à s’investir dans cette affaire depuis les aveux de Lance, le gouvernement n’entend pas lâcher ses mollets. « Les coureurs de l’US Postal, Armstrong compris, ont violé les accords de sponsoring en utilisant régulièrement et systématiquement des substances proscrites et des pratiques pour augmenter leurs performances, confirme la plainte. Les inculpés se sont enrichis injustement grâce aux versements et autres bénéfices qu’ils ont reçus de l’USPS. »

Plus-value immobilière pour se renflouer ?

Et si les rumeurs évoquaient une amende maximale autour des 90 millions de dollars, la note risque d’être bien plus salée pour Armstrong, également accusé d’avoir « encouragé et facilité » les « pratiques de dopage » de « ses coéquipiers ». S’il est reconnu coupable, l’addition pourrait en fait monter jusqu’à… 150 millions ! Selon les documents remis à la justice, l’USPS a dépensé à hauteur de 40 millions de dollars pour ce sponsoring entre 1998 et 2004. La rémunération de Lance sur la période s’élevait, hors primes, à 17,9 millions. Le DOJ peut espérer récupérer trois fois le montant perdu. De quoi inquiéter Armstrong (qui oublie ses malheurs en musique), dont la fortune est estimée entre 70 et 125 millions de dollars et qui pourrait déjà en lâcher autour de 15 dans des batailles judiciaires contre les assureurs SCA Promotions et Acceptance Insurance Company mais aussi l’hebdomadaire The Sunday Times.

L’avocat du Texan, Elliot Peters, a pour sa part jugé la plainte du DOJ « opportuniste » : « L’US Postal a tiré un énorme bénéfice du sponsoring de l’équipe cycliste. Ses propres enquêtes l’ont prouvé : l’US Postal n’a pas été victime d’une escroquerie. Armstrong a donné à la marque une visibilité énorme pendant les années où elle le sponsorisait. » L’intéressé, lui, a affirmé au juriste consultant de Sports Illustrated, Michael McCann, sa volonté de « tout faire pour se battre contre ces accusations » dans l’espoir de pousser la partie adverse à négocier un arrangement. Et on en vient à se demander si sa récente plus-value immobilière – il a vendu sa propriété d’Austin, au prix fixé à 10 millions de dollars, pour y racheter une nouvelle maison, estimée à 4,3 millions – n’est pas le signe d’un Armstrong déjà aux abois financiers.

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Alexandre Herbinet