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LeMond : « Armstrong doit dénoncer ceux qui l’ont aidé »

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Rencontré en marge du GP de F1 des Etats-Unis, le triple vainqueur du Tour de France (1986, 89, 90), Greg LeMond, juge le cas Armstrong, et monte au créneau contre les instances du cyclisme, responsables selon lui des scandales qui ont agité le vélo ces dernières années.

Greg, pensez-vous que Lance Armstrong mérite qu’on lui ait retiré ses sept Tour de France ?

Oui, il le mérite. C’est dommage pour tous les gens qui avaient vécu beaucoup d’émotion en le suivant. De l’extérieur, c’est une belle histoire, mais à l’intérieur, ce n’était pas comme ça.

Regrettez-vous qu’il n’ait pas été sanctionné durant sa carrière ?

Il était positif en 1999. Il aurait dû être sanctionné pour ça. Si c’était arrivé à un coureur français ou espagnol, il aurait été éjecté. Ça n’a pas été son cas. Donc d’une certaine façon, les instances ont tourné la tête et l’ont favorisé. Le cyclisme était sur les genoux après l’affaire Festina, et ne voulait pas d’un autre scandale. Les règles n’ont pas été appliquées avec lui comme avec les autres coureurs.

La sanction est-elle assez forte ?

Des investigations sont encore en cours. Ce n’est pas seulement lui, mais les gens qui ont également permis ça.

Armstrong peut-il se relever de ce scandale ?

S’il veut se racheter d’une belle manière, d’une façon positive, on n’a pas besoin de connaitre tous les détails, mais il doit dire comment il s’en est sorti. Il doit dénoncer ceux qui l’ont aidé. S’il dit ça, il peut changer sa réputation très vite.

Pat McQuaid, l’actuel président de l’UCI, doit-il partir ?

Oui, bien sûr. Il a eu beaucoup d’opportunités de changer les choses, comme Hein Verbruggen avant lui. Je n’ai rien contre McQuaid personnellement, c’est quelqu’un que je ne connais pas. Mais de ce que j’ai vu, si ça avait été le patron d’une société anonyme ou s’il était membre d’un gouvernement, on l’aurait immédiatement mis à la porte. Il n’aurait plus jamais pu travailler dans ce milieu. Leur boulot a été déplorable.

Le cyclisme peut-il s’en sortir ?

Oui, mais c’est maintenant. C’est un sport magique, et je pense que les gens vont lui rester fidèles. Le cyclisme doit gagner en crédibilité. Si on regarde l’athlétisme, ce n’est plus populaire comme ça l’a été à cause des scandales liés au dopage. Les coureurs sont aussi des victimes du système. Depuis 30 ans, des docteurs et leurs entourages font de l’argent en dopant des coureurs. Pour eux, ils sont comme des rats de laboratoire. Ce sont les coureurs qui sont punis, radiés à vie, traités comme des criminels et dans le même temps, les vrais criminels s’en sortent. Pantani, ou même Armstrong, ne sont pas les vrais problèmes. Michele Ferrari (accusé d’avoir participé à l’organisation d’un système de dopage dans les équipes d’Armstrong, ndlr) et Hein Verbruggen existaient avant eux.

Vous imagineriez-vous travailler pour l’UCI ?

Je ne suis pas très bon en politique. On doit toujours faire des compromis, on ne peut pas vraiment être soi-même. On doit jouer plusieurs rôles. Et je ne suis pas doué pour ça. Je serais juste très heureux de voir Pat McQuaid dire : « OK, on va faire tout ce qui est en notre pouvoir pour lutter contre le dopage. » Mais je ne vois pas ça.