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Le procès Puerto délie les langues

Lundi, Ivan Basso a pris la parole, succédant à Jörg Jaksche. Ces deux-là avaient pris les noms de leur chien pour passer incognito : Birillo pour l’Italien, Bella pour l’Allemand. C’est la semaine des (ex)coureurs cités comme témoins assistés. Jaksche ne

Lundi, Ivan Basso a pris la parole, succédant à Jörg Jaksche. Ces deux-là avaient pris les noms de leur chien pour passer incognito : Birillo pour l’Italien, Bella pour l’Allemand. C’est la semaine des (ex)coureurs cités comme témoins assistés. Jaksche ne - -

Si les débats n’ont jusqu’ici accouché d’aucune révélation dans le prétoire, le procès Puerto se déroule aussi à l’extérieur du tribunal madrilène. Dans la presse, l’omerta n’est plus de mise.

Ce procès Puerto, annoncé comme une farce espagnole par d’anciens coureurs dopés comme Jörg Jaksche ou le président de la FFC, David Lappartient, produit mine de rien son travail de sape dans l’épaisse loi du silence qui étouffe le peloton. La juge Julia Patricia Santamaría a beau cantonner les débats sur le plan de la santé publique -la loi antidopage de 2007 étant ultérieure aux faits- les acteurs de ce procès fleuve (28 janvier -12 mars) lèvent le voile sur les pratiques dopantes des années 2000.
Lors de la première semaine, les cinq accusés, dont l’ex-directeur sportif de la Once (devenue Liberty Seguros) Manolo Saiz et le docteur Eufemiano Fuentes, ont parlé poches de sang, transfusions, achats de médicaments en Allemagne. S’il n’a pas donné de noms, Fuentes a confirmé qu’il n’avait pas travaillé qu’avec des cyclistes. Il a parlé de footballeurs, d’athlètes, d’un boxeur… Fidèle à sa ligne de conduite, la juge n’a pas voulu en savoir plus.

Cipollini et Cancellara dans la nasse

En dehors des prétoires, les journalistes font le travail. AS publie l’interview d’un ancien président de la Real Sociedad, Inaki Badiola, dénonçant l’achat de substances prohibées à Fuentes par l’équipe médicale du club basque dans la première moitié des années 2000. El Pais emboite le pas, documents à l’appui. Cyclingnews recueille le témoignage de Tyler Hamilton, qui avait admis son dopage en 2011, et notamment sa collaboration avec le gynécologue canarien entre 2002 et 2004.
Dans l’entretien, l’ex-lieutenant de Lance Armstrong mouille Fabian Cancellara (RadioShack), présenté dans les notes du médecin sous le pseudonyme « Luigi ». Comme Luigi Cecchini, l’un des scientifiques italiens, au même titre que Michele Ferrari et Francesco Conconi, passé du côté obscur de la force. La Gazzetta dello Sport n’est pas en reste avec un fac-similé du programme de dopage de Mario Cipollini en 2002, année où il endosse le maillot arc en ciel. Le roi Mario, dénommé « Maria », dans les carnets de Fuentes.

Ivan Basso, nom de code « Birillo »

Lundi, Ivan Basso a pris la parole, succédant à Jörg Jaksche. Ces deux-là avaient pris les noms de leur chien pour passer incognito : Birillo pour l’Italien, Bella pour l’Allemand. C’est la semaine des (ex)coureurs cités comme témoins assistés. Jaksche ne s’est jamais caché depuis ses aveux complets en 2007. Il n’a pas déçu. « Il y avait tellement de cercles (entourant les lieux de dopage) sur la carte qu’on ne voyait plus la France »…
Le double vainqueur du Giro était attendu. Par visioconférence, des îles Canaries où il s’entraine avec sa formation Cannondale, Basso a dit qu’il connaissait Fuentes depuis 2001, mais qu’il s’était dopé qu’à partir de 2005 sous le maillot de la CSC. Pour « être le meilleur coureur du monde », réaliser son « rêve de gosse ». Trois extractions en vue du Tour 2006 qu’il ne disputera pas, exclu par les organisateurs dans la foulée des perquisitions de la Guardia Civil… Basso avait été suspendu deux ans par le CONI, jugeant les aveux du coureur trop courts…
Lundi, le Lombard a continué de souffler le chaud et le froid. Mais en dehors des murs du tribunal madrilène, on peut raisonnablement croire qu’il y aura quand même un avant et un après-Puerto.

Louis Chenaille