Les cinq bombes à retardement du Tour

A trois semaines du départ du Tour de France, le flou règne toujours sur les participants. Boonen, Valverde, Armstrong, Contador… La Grande Boucle pourrait se passer des stars du peloton.

L’inconnue Astana – Alberto Contador et Lance Armstrong seront-ils sur le Tour ? Alors que la formation de Johan Bruyneel risque toujours la perte de sa licence, les deux stars ne savent toujours pas s’ils seront du départ à Monaco. Les responsables kazakhs ont jusqu’à jeudi, date de l’audience de la commission de licences, pour mettre en règle leur dossier. « Nous avons demandé à Astana de déposer sur un compte géré par l’UCI, l’argent des salaires jusqu’au 31 décembre, prévient Pat McQuaid, président de l’UCI. La possibilité qu’Astana perde sa licence reste d’actualité. » Car faute de garanties nécessaires, l’union cycliste internationale n’a aucune raison de revoir sa demande de retrait de licence de l’équipe ProTour. De quoi sérieusement compromettre le retour d’Armstrong sur la Grande Boucle.

Trop tard pour Boonen ? – Voilà en tout cas une récidive qui risque de coûter cher à Tom Boonen. Déjà contrôlé positif à la cocaïne, le Belge de chez Quic Step devrait manquer le Tour de France. La faute à une commission de discipline qui doit statuer sur le cas du sprinteur et qui ne s’est toujours pas réunie. « Je viens d’apprendre que la commission disciplinaire ne se réunirait pas avant le Tour, regrette un Christian Prudhomme particulièrement embarrassé. Laissez-nous quelques jours pour savoir quelle sera notre décision définitive. Nous espérions qu’elle se réunisse plus vite, mais cela n’est pas possible. » Le président d’ASO avait dans un premier temps signalé que la présence de Boonen était préjudiciable au Tour. Avant de se rétracter et d’indiquer qu’il suivrait l’avis de l’UCI.

Pas de Tour pour Valverde – Interdit de territoire italien par le comité national olympique (CONI) pour sa supposée implication dans l’affaire Puerto, Alejandro Valverde ne sera, sauf bouleversement, pas sur le Tour de France. Tout simplement parce que le parcours 2009 prévoit un crochet par la botte italienne. « Nous n’allons tout de même pas changer le parcours à trois semaines du départ », plaisante à peine Christian Prudhomme. Seule chance de voir le puncheur espagnol à Monaco : que le tribunal arbitral du sport casse la décision du CONI. Quant au CONI, il avait jusqu’à jeudi pour envoyer à l’UCI les pièces du dossier pour savoir si l’instance internationale étendait la suspension de l’Italie au monde entier. Un cas loin d’être réglé puisqu’aucun document n’est arrivé à Aigle, siège de l’organisme.

Le passeport biologique va faire rouler des têtes – Et si le spectre de 2006 se répétait trois ans plus tard. Alors que l’affaire Puerto avait éclaté au grand jour juste avant le départ de Strasbourg, une nouvelle menace plane sur Monaco. Tout simplement, parce qu’après avoir reculé à de nombreuses reprises, l’UCI semble décidée à procéder à des sanctions disciplinaires contre un certain nombre de coureurs, dont les critères du passeport biologique présente des anomalies. « Nous préparons actuellement les documents nécessaires pour que ces coureurs soient informés au plus tôt la semaine prochain », à reconnu Pat McQuaid. De son côté, Christian Prudhomme s’est dit « particulièrement attentif à ce qu’il va se dire ». Et de poursuivre : « il n’est pas concevable que les gens ayant été dénoncés comme ayant triché soient au départ du Tour. » Un nouveau coup de balai à deux semaines du départ ?

Kohl va porter plainte contre L’Equipe – « Les dix premiers du Tour auraient pu être positifs. » En balançant cette bombe dans le quotidien L’Equipe, Bernhard Kohl se doutait qu’il jetterait le trouble sur les têtes d’affiche du dernier Tour, elles-mêmes en lice pour cette nouvelle édition. Une sortie médiatique qui agace Christian Prudhomme au plus haut point. « Je ne dis pas qu’il faut tout rejeter, mais je réfute totalement l’idée du ‘tous pourris’. » Quant au peloton, c’est avec un certain grincement de dents qu’il a accueilli ces déclarations. Mais coup de théâtre. On apprenait mercredi soir que le coureur attaquait en justice L'Equipe, qu'il accuse d'avoir déformé ses propos. Kohl a affirmé dans un communiqué avoir déclaré en réalité: « Selon moi, les top performances dans le sport de haut niveau, comme dans le Tour de France, peuvent difficilement se concevoir sans dopage. Il suffit de regarder le Tour de France. On roule pendant trois semaines à une vitesse moyenne de 40 km/h en gravissant l'équivalent de cinq fois l'Everest ».

La rédaction - Pierrick Taisne