Les déclarations de Kohl font réagir

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Définitivement retiré du peloton après son contrôle positif à la CERA sur le Tour de France 2008, l’Autrichien Bernhard Kohl a accusé hier dans la presse, sans apporter de preuve, les autres coureurs de premier plan : « Je suis bien placé pour savoir qu'on ne peut pas gagner de grandes épreuves sans se doper. Bien d'autres coureurs en avaient pris. Qu'allaient faire les autorités françaises ? Supprimer le classement complet du Tour ? Je me suis dit qu'ils n'oseraient pas. Bizarrement, nous n'avons été que trois à plonger. J'ai la conviction que les dix premiers auraient pu être positifs. »
Pour Cédric Vasseur, président de l'Association internationale des coureurs (CPA), Kohl ne cherche qu’à se disculper en accusant tous azimuts. « C'est la position de quelqu'un qui cherche à se disculper en disant que les autres font comme lui, explique le Français. On comprend son mode de défense qui est sans doute dicté par ses avocats. Il faut quand même prendre toutes ses déclarations avec beaucoup de distances. C'est peut-être ce qu'il pense en son for intérieur mais il faut qu'il apporte des preuves. S'il en a, il faut qu'il les mette sur la table ! Car le problème, c'est qu’il est le seul positif dans ce Top 10. Avant lui, cette stratégie a déjà été utilisée par d'autres coureurs qui étaient dans la même situation. En ce qui me concerne, après 14 années de professionnalisme, je n’ai jamais réussi à terminer dans les dix premiers du Tour, mais j’ai côtoyé des coureurs de grande classe qui sont rentrés dans les dix premiers et qui m’ont donné des garanties physiques exceptionnelles. »
Quand à Alexandre Vinokourov, lui même de retour après un test positif à la transfusion sanguine, il rejette en bloc les accusations de Bernhard Kohl : « C'est ridicule. « Il y en aura toujours qui diront que les premiers du Tour de France sont dopés. Mais si on ne trouve rien dans les urines ou le sang, comment peut-on juger ? »
Et puis certains voudraient que Bernhard Kohl aille encore plus loin. C'est le cas de l'ancien directeur sportif de la Gerolsteiner, Marcus Holczer. Si Bernard Kohl met en cause d'autres personnes du milieu, qu'il donne des noms : « Je veux savoir dans quel hôtel, quel chambre… Je veux savoir quels autres coureurs ont connu ses pratiques ? Stefan Schumacher qui a partagé sa chambre par exemple ? »
Bernhard Kohl donne beaucoup de détails sur la méthode, mais aussi sur les complicités dont il a bénéficié pour se doper. Si les gendarmes et acteurs de la lutte anti-dopage n’ont rien appris de neuf, Pierre Bordry, président de l'AFLD, aimerait tout de même s’entretenir avec l’Autrichien. « Nous étions informés, mais cela confirme ce que nous savions déjà, et cela justifie la politique de ciblage que nous avons entrepris, explique le président de l'agence française anti-dopage. Quand nous disions qu’il fallait cibler les sportifs, on n’était pas toujours crédible. Ces déclarations justifient nos actions. J’ai vu par ailleurs qu’il souhaitait s’entretenir avec l’agence mondiale antidopage, et je suis prêt à m’entretenir avec lui pour avoir des précisions. »