Les Jeux s’éloignent pour Longo

Longo, 5e du contre-la-montre national, voit les Jeux s'éloigner - -
Pauline Ferrand-Prévot a remporté jeudi à Saint-Amand-les-Eaux (Nord) le titre de championne de France du contre-la-montre dames. Loin devant la tenante du titre, Jeannie Longo, qui termine 5e à 1’05 de la gagnante du jour. Une doyenne aux onze titres nationaux en contre-la-montre (dont les quatre derniers) qui n’avait plus été éjectée du podium depuis 1998. Dernière à partir sur le parcours détrempé de 26,8km, la Grenobloise de 53 ans n’est arrivée sur le podium de départ qu’au dernier moment, préférant rester à l’abri des regards avant de s’élancer.
Stressée, comme elle l’a confié à des personnes l’ayant approchée, seule. Son mari et entraîneur Patrice Ciprelli n’a pas été aperçu. Ce dernier n’a plus le droit d’accompagner la championne en course depuis qu’il a été placé sous contrôle judiciaire après les révélations présumées d’achats d’EPO en 2010. Longo a été fébrilement encouragée par la poignée de supporters venus malgré la pluie. A l’arrivée, la championne aux 59 titres nationaux devra se contenter d’une place anonyme.
Sa rivale de toujours, Edwige Pitel (3e), un temps entrainée par Ciprelli, qui attendait à l’arrivée en compagnie d’Audrey Cordon (2e) exulte au moment d’apprendre sa place sur le podium devant Jeannie Longo. « Justice est faite, lâche rageuse Pitel, on était toujours éclipsées par elle. Je suis présente depuis 10 ans, je pense que s’il n’y avait pas eu certaines choses, j’aurais pu avoir plus de médias derrière moi. On en a toutes marre, vous ne parlez que d’elle. Donc être dans la lumière avec les jeunes, ça fait du bien. »
Ferrand-Prévot : « J’espère qu’une page se tourne »
La Grenobloise, elle, file, et prend le soin d’éviter soigneusement les journalistes. Elle se rendra malgré tout, et d’elle-même, au contrôle anti-dopage. Mais les contrôleurs, qui avaient déjà eu affaire à elle il y a quelques jours sur son lieu de préparation à Prémanon (Jura), lui indiqueront cette fois que seules les trois premières sont obligées de se présenter... Ultime vexation. Longo repart donc avec son vélo, discrètement.
A côté du podium, les rivales et les cadres de la FFC ont le sourire. La DTN, Isabelle Gautheron, précise que Longo est désormais « en ballotage défavorable » pour obtenir une place aux Jeux. La sélectionneuse nationale Danny Bonnoront se réjouit de voir enfin la jeunesse au pouvoir. « C’est un joli podium, tout le monde est content…, il y a du sang nouveau, on a des petites perles en France. »
Une jeunesse incarnée par la nouvelle championne de France, Pauline Ferrand-Prévot, 20 ans, sacrée le jour anniversaire de sa maman, qui se félicite de voir que la roue tourne pour la relève du cyclisme français. « J’espère qu’une page se tourne. Même pour les médias, il n’y en avait que pour elle. Quand Christel Ferrier-Bruneau gagne l’an dernier (la course en ligne, ndlr), on ne parle pas de sa victoire mais de la 2e place de Jeannie Longo... »
Pitel, elle, fond en larmes et parle de « soulagement après toutes les épreuves vécues à cause d’elle ». Longo, qui a regagné sa chambre d’hôte à Mons-en-Pével, près de la frontière, s’élancera néanmoins au départ de la course en ligne samedi, dernière chance d’espérer encore un petit peu une place aux Jeux. A moins qu’elle ne décide de s’arrêter là.