Moinard : « J’aime jouer l’attaque »

Amaël Moinard, on vous sent enthousiaste après votre exceptionnel parcours d’aujourd’hui ?
Je découvre tout. C’est mon premier Tour de France, alors j’en profite. Quand j’étais petit, je faisais du vélo, je regardais le Tour de France pendant mes vacances d’été. C’est en faisant des étapes que ça m’a donné envie d’en faire. J’espère que mon exemple servira à susciter des vocations. Notre sport souffre de son image. Je m’éclate sur ce Tour de France, avec le public…Je vis des moments en tant que sportif complètement exceptionnels.
Moment exceptionnel certes, mais vous étiez animé par une grosse motivation et une certaine envie de briller également ?
Complètement. Après, je suis aussi un compétiteur. Je fais du vélo pour gagner. Vu les coureurs qui m’ont accompagné dans cette échappée, il ne valait mieux pas attendre l’arrivée. Je connaissais un peu l’étape, l’arrivée avec son petit col. Je voyais Ballan, Pozzato nous endormir dans un faux rythme ; Je me suis dit battu pour battu autant faire quelque chose. Je ne pensais pas partir tout seul. Il y avait des coureurs du Crédit Agricole qui grimpent bien, j’espérais en amener au moins un avec moi. Après, j’ai pensé aussi que ça pouvait se casser dans le col, que ça pouvait s’observer se craindre. Finalement, ils sont restés à dix, ils se sont unis et ça n’a pas marché. Ce serait à refaire, je le referais sans hésiter.
Justement, vous vous sentez en mesure de rééditer rapidement votre performance du jour ?
Non, là je vais avoir trois jours difficiles je pense. Je m’attends à galérer au niveau de mes jambes. Je préfère en tout cas vivre des moments comme aujourd’hui, quitte à devoir m’accrocher ensuite en queue de peloton. Je m’en fous… L’objectif, c’est de ne pas répéter les mêmes erreurs dans les Alpes. Ce qui me ferait vibrer, ce serait de recommencer lors d’une grosse étape de montagne.
Vous incarnez un peu le souffle nouveau du cyclisme français, un vent de fraîcheur très mince et esseulé…
Il ne faut pas désespérer. Même si on ne gagne pas le Tour de France, on peut prendre du plaisir. J’aurais très bien pu gagner une étape ici. Je prends le vélo comme ça. J’aime bien repérer un petit peu les étapes du Tour. Je ne me prends pas la tête. Je fais mon métier. Maintenant, s’il y a des petiots qui veulent se mettre au vélo, si je peux les faire vibrer, ce serait pas mal. Dans les autres sports, j’admire ceux qui attaquent alors je joue l’offensive dès que j’en ai l’occasion.