Offredo : « Triste, désabusé et meurtri »

Yoann Offredo - -
Yoann Offredo ne pouvait pas garder le silence plus longtemps. Sans doute parce que le jeune homme de 25 ans a trop intériorisé les évènements de ces dernières semaines. Sous la menace d’une suspension depuis son troisième « no show » (« défaut de localisation »), le coureur de la FDJ-BigMat sait désormais qu’il ne pourra plus rouler pendant un an. Alors, quand le coureur décide de traduire sa pensée dans un communiqué de presse, on sent un jeune homme touché. « J'ai toujours essayé de représenter au mieux l'image du cyclisme auprès de ses nombreux détracteurs, toujours soutenu la lutte antidopage, toujours condamné les tricheurs, peut-on lire. Il me semble, toutefois, que dans l’échelle des sanctions infligées aux coureurs, cette suspension d’un an est disproportionnée. Je le crie de toutes mes forces, je n’ai jamais triché et j’ai toujours pratiqué le cyclisme avec honnêteté. Je suis aujourd’hui triste, désabusé et meurtri. »
Tellement touché qu’il refuse toutes les interviews téléphoniques ou radio. Et c’est par SMS, « abasourdi par cette décision », qu’il s’excuse de ne pas donner suite pour le moment. « En apprenant la nouvelle, il était trois pieds sous terre, confie son manager, Marc Madiot, à RMC Sport. Le but est de le rassurer, de lui dire qu’il y a plus grave dans la vie. C’est un moment délicat. Il faut se projeter dans l’avenir. » De son côté, le président de l’Union nationale des cyclistes professionnels se montrait plus virulent. « Je suis outré, révolté. J’ai un sentiment d’injustice envers ce coureur », déclarait Pascal Chanteur. Quant à l’avocat du coureur, il confiait sa déception. « Nous étions plutôt optimistes parce que c’est un coureur plein de qualités physiques et morales, explique Maître Ahcen Aggar. Il s’est mis en avant pour la lutte contre le dopage. La décision ne me parait pas avoir pris en compte la personnalité de ce coureur. »
Madiot : « On va voir comment les choses se décantent »
Du côté de la Fédération, on confirme la justesse de la sanction. « La question était de savoir s’il allait avoir un an ou deux ans. On peut trouver ça dur, mais il faut qu’il y ait sanction », confie le président, David Lappartient. Et s’il n’y avait pas eu de sanction, la FFC s’exposait à un appel de l’UCI qui « aurait eu toutes les chances de réussir », toujours à en croire le président de la FFC. Ce qui fait sortir Pascal Chanteur de ses gonds. « C’est le but de la géolocalisation : avoir le coureur sous la main pour pouvoir le contrôler, s’offusque le président du syndicat des coureurs. Mais il était sur une course ! (une kermesse en Belgique, ndlr). Ne peut-on pas avoir une échelle de sanction plus adéquate, plutôt que de lui mettre un an comme un vulgaire tricheur ? Tout ce qu’il a pu faire par le passé pour lutter contre ce fléau est balayé d’un revers de manche pour le condamner sur une erreur administrative. »
Dans le camp Offredo, on ne condamne pas les deux premiers « no show », mais on regrette que rien n’ait été fait pour trouver des circonstances atténuantes pour le troisième. Alors, forcément, la question de l’appel se pose désormais. Au risque de voir la sanction alourdie. « Je me réserve le droit d’en appeler au jugement d’une cour civile. Non pour revenir seulement à la compétition, mais pour faire valoir une sanction juste », écrit Offredo. Quant à son employeur, il reste assez évasif quant à la suite de sa carrière au sein de l’équipe FDJ-BigMat. « Pour le moment, je m’occupe de la santé psychologique du mon coureur, conclut Madiot. Le reste, on l’évoquera par la suite. On va voir comment les choses se décantent. »
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Baugé-Offredo : pourquoi un traitement différent ?|||
Grégory Baugé et Yoann Offredo, même infraction, mais peine différente. Coupable de trois « no show », le pistard avait été sanctionné le 6 janvier dernier d’un an de suspension pour des faits remontant à la fin de l’année 2010. Pourquoi alors le pensionnaire de l’INSEP a-t-il eu droit à une rétroactivité de la sanction ? « Ce sont les mêmes cas, précise David Lappartient, président de la FFC. Grégory Baugé ne pouvait pas ne pas être condamné moins d’un an. A une nuance près, le pistard a été notifié par l’UCI avec dix mois de retard en raison d’un souci administratif. « Le règlement prévoit alors que le coureur n’a pas à en subir le préjudice. Si l’UCI n’avait pas trainé, il aurait été condamné de novembre 2010 à novembre 2011 », continue Lappartient. La commission nationale de discipline composée de cinq membres (un arbitre international de cyclisme, le secrétaire général de la Fédération, un avocat, un médecin et un juge d’instruction) a donc pris une décision identique dans les deux cas.