Para-cyclisme sur piste: Alexandre Léauté, des changements payants et des Mondiaux brillants

Alexandre Léauté à Tokyo en 2021 - ICON Sport
Alexandre Léauté a commencé ses Mondiaux de para-cyclisme sur piste pleine balle: en trois courses disputées, il a fait tomber deux records du monde (sur 200m lancé et le kilomètre) et remporté un titre, sur le kilomètre. "L’entame est très très bonne, sourit-il. J’avais envie de venir ici devant ma famille, devant un public français déchainé!"
Fatigué physiquement après ces deux jours de compétition, le Breton est devenu un visage majeur du para-cyclisme tricolore. Il s’est fait connaître en brillant à Tokyo, d’abord, aux Jeux Paralympiques l’an dernier: quatre médailles dont un titre, à 21 ans. L’athlète, victime d’un AVC à la naissance et privé de 95% de puissance à la jambe droite, a ensuite repris sa vie, plus loin des caméras, à l’entraînement et en compétition. "L’anonymat ne me dérange pas, je suis très bien à m’entraîner tout seul de mon côté", explique le Français.
Retour en Bretagne
Et à l’abri des projecteurs, il amorce des changements. En rentrant du Japon, Léauté quitte le pôle d’Urt, dans les Pyrénées-Atlantiques, et se rapproche de ses proches et ses racines, en Bretagne. Récemment, Alexandre Léauté a aussi mis fin à sa collaboration avec son entraîneur, Christophe Dizy, et s’est adjoint les services d’une préparatrice mentale. "Je suis accompagné psychologiquement. C’est très récent, cela m’apporte énormément et je suis très content de l’avoir", confie-t-il.
Tous ces changements ont vraisemblablement fait du bien au Tricolore, qui dit avoir connu "quelques petites choses particulières qui sont du personnel", sans entrer dans les détails. "Mais j’ai mis ça de côté et je me suis concentré sur la compétition", ajoute-t-il.
"Les Jeux? L’objectif suprême"
Complètement épanoui, le champion peut donc se lâcher sur la piste, à 100%. "Il a changé. Il a beaucoup plus de confiance en lui. Il prend conscience de son réel potentiel. Avant, il avait toujours des doutes sur ses capacités. Il est revenu dans son cercle familial en Bretagne, l’air breton va lui faire du bien! C’est un tout: il a changé de coach, il est à l’écoute, on a changé des choses sur son braquet, sa position, l’aérodynamisme, analyse l’entraîneur de l’équipe de France Mathieu Jeanne. C’est plein de petits détails qui font un gros plus à la fin. L’objectif c’est Paris. Il progresse et cela lui fait plaisir, pour aller chercher pourquoi pas mieux qu’à Tokyo. Il a une très grande maturité sur le vélo."
Le Tricolore estime effectivement avoir "pris en maturité après les derniers Jeux" et insiste sur son "envie de bien figurer ici. On pense aux Jeux, ça c’est l’objectif suprême. Mais là je suis plus concentré sur la compétition actuelle". Malgré son jeune âge, est-il déjà un cadre des Bleus? "Pas du tout, répond Léauté. On est un collectif très fort, très soudé. On se regarde mutuellement les compétitions, ça solidifie un groupe et ça c’est très important. Je suis super heureux dans la vie et je pense que cela se voit sur le vélo." Avec la poursuite individuelle, la vitesse par équipe et le scratch, le Français a encore le temps de le confirmer.