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Paris-Nice: Auxerre théâtre d’un chrono par équipes un peu particulier

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Premier grand rendez-vous entre les favoris à la victoire finale sur Paris-Nice, le contre-la-montre par équipes de 26,9 kilomètres disputé mardi autour d’Auxerre (Yonne) aura la même particularité que l’an passé sur la Course au soleil: les temps réels seront pris dès le passage du premier coureur de chaque formation sur la ligne d’arrivée. De quoi dépoussiérer un format devenu rare dans le cyclisme moderne.

Depuis 2019, le contre-la-montre par équipes n’a plus droit de cité au mois de juillet lors de la grand-messe du Tour de France. Et pour cause, s’il avait accepté cette année-là d’en mettre un au programme dans les rues de Bruxelles, Christian Prudhomme n’a pas d’affection particulière pour cet exercice qui fait pourtant le bonheur des télés avides de ces belles images d’un train de coureurs parfaitement alignés les uns derrière les autres. "J'ai toujours eu du mal avec le contre-la-montre par équipes que je trouvais antinomique avec ce qu'est le cyclisme d’aujourd’hui", avoue le directeur de l’épreuve. "Mais dans ces conditions, ça correspond parfaitement à ce qu'est le cyclisme."

"Ces conditions", ce sont celles réunies sur Paris-Nice ce mardi, avec un parcours accidenté, 330 mètres de dénivelé positif sur 26,9 kilomètres et surtout cette innovation utilisée seulement pour la deuxième fois dans toute l’histoire du vélo, un an après une grande première déjà sur Paris-Nice: le temps sera pris sur le premier coureur de chaque équipe à franchir la ligne, plutôt que sur le quatrième comme c’est traditionnellement le cas. Car l’article 2.5.014 du règlement de l'Union cycliste internationale le stipule clairement: "Sur le contre-la-montre par équipes, pour le classement de l’équipe, le règlement particulier de l’épreuve précisera sur quel coureur franchissant la ligne d’arrivée, le temps sera pris."

Stratégie plus agressive

Si l’utilité d’une telle interprétation du règlement avait suscité bon nombre d’interrogations l’an passé, il n’y avait en tout cas pas eu de rejet de la part des coureurs et de leurs staffs face à cette curiosité. Et ce jour-là par exemple, David Gaudu n’avait perdu que 14 petites secondes sur Jonas Vingegaard et même pris 9 secondes à Tadej Pogacar, le socle alors d’un Paris-Nice de grande qualité terminée à la deuxième place du général. Appréciez plutôt: si le temps avait été pris sur le quatrième coureur de la formation Groupama-FDJ, Gaudu aurait perdu dans les rues de Dampierre-En-Burly pas moins de 27 secondes sur Vingegaard.

Alors bien sûr, ces chiffres bruts sont à pondérer tant les stratégies sont susceptibles de différer en fonction de l’interprétation du règlement. "C’est atypique, et c’est plutôt intéressant de sortir un peu des sentiers battus", commente justement Julien Jurdie, directeur sportif de Decathlon-AG2R la Mondiale. "Ça permet d’avoir une stratégie encore plus agressive dans le final. Quand on a plusieurs rouleurs, on peut vraiment sacrifier du monde sur le parcours pour permettre au leader de tout donner dans les derniers hectomètres et faire le meilleur temps possible."

Evenepoel et Soudal-Quick Step en favoris

Et c’est certainement le scenario à attendre ce mardi du côté de la formation française où Bruno Armirail, Dorian Godon et Oliver Naesen devraient avaler le vent pour permettre à Felix Gall et Aurélien Paret-Peintre de se mettre à fond dans un ultime kilomètre en faux plat montant. Un scenario aussi à privilégier chez les équipes des favoris pour le classement général. Parmi elles, Soudal-Quick Step a fait de ce chrono par équipes un véritable objectif. Et dans sa quête d’un premier Paris-Nice pour sa première participation, le prodige Belge Remco Evenepoel sera épaulé par Yves Lampaert, Mattia Cattaneo, Ilan Van Wilder et Casper Pedersen, tous de véritables amateurs de kilomètres avalés le vent dans la truffe.

Du côté de la Bora-Hansgrohe de Primoz Roglic ou de la Visma-Lease a Bike de Matteo Jorgenson, on est prévenus, il faudra tout donner pour limiter des écarts qui dans tous les cas ne devraient pas être astronomiques sur une telle distance. Ce qu’espère justement David Gaudu, qui à l’image d’autres formations comme Ineos Grenadiers, s’est récemment entraîné pour cet exercice spécifique avec l’équipe Groupama-FDJ sur le bitume parfait d’un circuit automobile dans l’Oise.

Arnaud Souque, à Auxerre