Pinot, en toute discrétion

Thibault Pinot - -
Thibault Pinot a donné rendez-vous à l’hôtel de l’Europe, à Saint-Jean de Maurienne. C’est plus précisément l’entourage du coureur qui a fixé le rendez-vous. La révélation du dernier Tour de France est quelqu’un de très sollicité. Pour réduire au maximum les dispersions et autres sollicitations en tous genres, Marc Madiot et le sponsor-titre ont fixé les règles : une seule rencontre avec quelques journalistes en clôture du stage dans les Alpes. « Il n’y avait pas de danger, tranche le manageur de la FDJ. Simplement, ça pourra nous permettre de dire non dans le futur. » Madiot se charge du show devant la poignée de journalistes présents. Autour de la table dressée pour l’occasion, Pinot sourit. Il a assuré le service minimum. Madiot gère le reste.
Comme si le jeune homme de 23 ans était à un moment charnière de sa préparation. « L’équipe me protège bien vis-à-vis des médias, reprend le coureur. On arrive dans le vif du sujet, on sent que la tension commence à augmenter. Il faut faire gaffe. C’est pour ça que Marc et l’équipe essayent de mettre une barrière entre les sollicitations et moi. Pour l’instant, cela ne me perturbe pas du tout. Je suis tranquille dans ma tête. » Et à le voir évoluer au milieu de Jérémy Roy, Pierrick Fédrigo, William Bonnet ou encore Arthur Vichot, on sent le jeune homme à son aise. Même quand Marc Madiot le chatouille gentiment et se moque de ses tatouages lors d’une sortie d’ entraînement.
Surveillé et épié par les cadors
Des sourires lors des séances, quelques blagues également avec les autres coureurs, et surtout le sentiment que rien ne doit venir enrayer la machine. Et pourtant, dans son entourage, on se méfie de l’attente qu’il suscite. « C’est sûr que c’est inquiétant, craint Julien, son frère et entraîneur. En France, on cherche le successeur à Bernard Hinault. C’est vrai que les médias ont vite tendance à lui mettre cette pression sur les épaules. C’est très lourd. Ça lui bouffe de l’énergie. Ce n’est pas la partie qu’il aime le plus. » Vainqueur d’étape l’année dernière, dixième pour son premier Tour, il s’attend désormais à vivre une confirmation des plus difficiles.
Surveillé, épié par les cadors, il fait maintenant partie de la caste de ceux qui sont capables de se frotter aux meilleurs. Douzième du Tour de Romandie, huitième du Tour de Catalogne, Pinot a fait jeu égal avec les Wiggins et autre Froome. « J’ai moins peur d’eux par rapport au Tour de France de l’année dernière, glisse l’intéressé. Ça m’a mis en confiance. De savoir que je suis un des seuls l’année dernière à pouvoir les suivre, ça montre que j’ai le niveau des très grandes courses. C’est pour cela qu’aujourd’hui, je n’ai plus de complexe vis-à-vis de Froome ou Contador. » Engagé sur le Tour de Suisse (8 au 16 juin), il s’alignera ensuite sur les Championnats de France de Lannelis (23 juin). Deux derniers rendez-vous qui doivent l’amener vers ses objectifs estivaux. En toute sérénité.
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