Tour de France : la « révolution Lappartient » rejetée

Christian Prudhomme - -
En ancien journaliste, Christian Prudhomme s’est habilement habillé d’humilité avant de répondre aux médias. Ce qu’il s’apprête à dire, en marge de la présentation de Paris-Nice ce jeudi à Versailles, reflète son « sentiment », mais pas une position officielle d’ASO, l’organisateur du Tour de France. Reste que le patron de la Grande Boucle a tout bonnement claqué la porte à David Lappartient et à son idée d’un retour aux équipes nationales, comme c’était en vigueur avant les années 60. « Que deviendraient des coureurs de talents de petites nations ? Que ferait Boasson Hagen, que ferait Hushovd (tous deux norvégiens, ndlr) ? », s’interroge le boss du Tour.
Et de placer un peu plus son homologue de la FFC devant ses responsabilités. « Au départ du Tour, il y a aujourd’hui 30 coureurs français, combien en resterait-il ? Neuf ? ». Conclusion sans appel : « On est attaché aux équipes de marque ». Le plus jeune président d’une fédération olympique (38 ans) avait surpris le microcosme du vélo en lançant ce projet d’équipes nationales sur le Tour, adopté le 25 janvier en conseil d’administration de la FFC. Le Breton avait affirmé avoir soumis son projet à ASO ainsi qu’à Pat McQuaid. « J’attends la réponse », avait-il dit à propos de l’organisateur du Tour. C’est chose faite. Et sans ambiguïté.
McQuaid : « Une idée romantique »
Quant au président de l’UCI, sollicité par RMC Sport, il qualifie la proposition de « romantique »... « C’est une idée romantique qui a du mérite, confie-t-il. Mais je ne crois pas que dans la situation actuelle du cyclisme, très dépendant des partenaires financiers, ce soit réaliste. » Etonnante méthode que d’annoncer une pareille révolution sans concertation préalable avec les acteurs du cyclisme… Dans le peloton, on ne s’est pas privé de renvoyer Lappartient dans les cordes. On a entendu Marc Madiot (FDJ) parler de « manque de respect » envers les équipes pro. Les coureurs qui ne jouent pas les premiers rôles grincent aussi des dents. « Il n’y a déjà pas assez de coureurs français, s’inquiète Geoffroy Lequatre, membre de l’équipe continental pro Bretagne-Schuller. Non, je ne vois pas ça d’un bon œil. Ça ne va pas dans le sens d’un développement du cyclisme français. »