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Armstrong toujours aussi bavard

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En pleine tournée d’excuses, avec notamment un passage en France, Lance Armstrong s’est confié à ESPN The Magazine. Un long et passionnant entretien où le Texan a, comme d’habitude, la langue bien pendue. Morceaux choisis.

Cyclisme, dopage et autres sports

« Le cyclisme paie le prix de son honnêteté, explique Lance Armstrong au sujet de la perception de la petite reine dans l’esprit médiatico-populaire. La réputation de ce sport est-elle juste ? Si je réponds comme j’en ai envie, je vais me faire fracasser. Mais nous avons fait beaucoup d’efforts. Ces problèmes étaient rampants mais on ne peut pas dire que le cyclisme n’a pas essayé. Dans le même temps, d’autres sports ne l’ont pas fait. Et je ne parle pas des plus gros, des plus connus, mais juste d’autres disciplines d’endurance similaires. Ils n’ont pas essayé et personne n’en a parlé. Le cyclisme n’est pas le Super Bowl mais ce n’est pas non plus le championnat du monde de ski cross-country. Je ne sais même pas qui pratique ce sport… Le cyclisme est coincé entre le fait d’être assez important pour qu’on s’intéresse à lui et celui d’en faire le plus possible pour la lutte antidopage. »

La commission vérité et réconciliation, fausse bonne idée ?

« Si on regarde bien les affaires de dopage à travers le monde, on voit que les poursuites sportivo-judiciaires sont très différentes selon les cas, avance Armstrong quand on l’interroge sur l’intérêt d’une possible commission vérité et réconciliation, où tous les acteurs des années sombres du cyclisme pourraient venir s’expliquer sans risque. La conséquence est une honnêteté sélective dans les aveux. Je ne sais pas si une commission vérité et réconciliation peut aider à régler ce problème. Que se passera-t-il ? Qu’est-ce qui va pousser les gens à venir témoigner ? Je ne dis pas qu’il a fait quoi que ce soit mais si vous étiez Miguel Indurain, par exemple, et que vous aviez fait quelque chose, pourquoi viendriez-vous le dire ? »

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Le dopage dans le peloton actuel

« Je ne suis plus impliqué. Je ne suis plus dans le peloton. Je connais des gens qui pourraient me le dire mais je ne leur parle plus. Mais je ne pense pas que cela soit pareil qu’à l’époque. Bien sûr, il y a toujours quelqu’un quelque part pour prendre des risques. C’est la nature humaine. Mais je ne pense pas que ce soit comme c’était il y a dix ans. »

La théorie du « plus grand trou du cul au monde »

« Sur le plan du dopage, si on parle des coureurs en lice pour le classement général du Tour de France, la douzaine de coureurs qui essayaient de gagner, je suis comme les autres, explique Armstrong quand on l’interroge sur les sanctions (suspendu à vie, privé de ses sept Tours de France) infligées à son encontre. On savait tous ce que tout le monde faisait, je savais ce que mes rivaux faisaient. Nous (l’US Postal), on en faisait moins. Nous étions plus conservateurs sur ce plan et c’est la raison pour laquelle nous n’avons jamais été attrapés. L’histoire a raconté que j’étais un plus gros trou du cul que tout le monde, que je provoquais plus de contentieux, que j’étais plus combatif sur ces questions. Ce sont les sous-titres de tout ça. (…) J’ai entendu beaucoup de gens dire : ‘‘Tu as gagné beaucoup d’argent, tu as obtenu la célébrité, tu mérites tout ça.’’ Je comprends que les gens pensent comme ça. Mais ce n’est pas comme ça que la justice doit fonctionner. Ou peut-être que si. Peut-être que c’est comme que ça fonctionne. Mais ce n’est pas cohérent avec ce qu’a dit l’USADA (l’agence américaine antidopage, qui a provoqué sa chute, ndlr). L’USADA a dit : ‘‘Si nous avons des preuves, nous devons agir pour protéger les droits des athlètes propres’’. Mais elle n’a pas dit : ‘‘Lance Armstrong est le plus gros trou du cul au monde, donc nous devions faire ça’’. C’est ce que beaucoup ont insinué et je suis d’accord. Mais ils disent qu’ils ont fait ça ‘‘pour protéger les droits des athlètes propres’’. Comme moi, tout le monde sait bien qu’il n’y avait pas d’athlètes propres. Aucun (dans les favoris du Tour, ndlr). (…) Dire cela, ce n’est pas honnête ! Soyez honnête et dites juste : ‘‘C’est un trou du cul. On devait le poursuivre. Il a été testé positif en tant que plus gros trou du cul au monde’’. Je peux vivre avec ça. Je ne suis pas sûr que je l’étais mais j’en ai bel et bien joué un à la télévision. Mais dire que j’ai triché face à mes rivaux? Demandez-leur ! Demandez à mes rivaux. »

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Alexandre Herbinet