Bernaudeau : « Une onde de choc qui va aller très loin »

Jean-René Bernaudeau, patron d'Europcar - -
Jean-Bernard, on vous imagine satisfait de la décision prise par l’UCI à l’encontre de Lance Armstrong ?
Ce qui est rassurant aujourd’hui, c’est qu’on ne peut pas acheter le monde et les gens qui pensent qu’avec l’argent on peut tout faire. Ils se trompent totalement. Le sport aujourd’hui, et les politiques doivent bien le comprendre, doit retrouver ses fondamentaux avec une transparence obligatoire.
Armstrong reste-t-il malgré tout un grand champion ?
Moi, je n’aime pas le sport dans cette dimension où il y a de la triche. C’est un pan de la société qui peut être mis en danger si les choses comme ça sont considérées comme des exploits. Ce qu’a fait Armstrong, quand il y a de la triche, ça ne peut pas être assimilé à un exploit. Donc un champion, je ne crois pas.
S’il n’avait pas été dopé, aurait-il pu remporter le Tour de France ?
Le débat n’est pas là. Ceux qui sont un peu frustrés dans la vie disent qu’il faut se doper pour gagner. Ce n’est pas vrai, il y a des gens qui ne se dopent pas. Je mettrai le débat sur le réseau mafieux dévoilé dans cette affaire Armstrong avec des complicités, et une enquête qui est loin d’être finie. C’est une onde de choc qui va aller très loin.
L’UCI était probablement complice de Lance Armstrong à l’époque…
Tout d’abord, il faut des preuves. Je crois plutôt qu’il faut être rassuré aujourd’hui car après l’affaire Festina a été créée l’AMA, ensuite est arrivé le passeport biologique, ensuite est arrivé le logiciel de localisation des athlètes. L’étau se resserre donc. Si Armstrong est tombé, c’est que tout fonctionne aujourd’hui. Aujourd’hui, la conclusion serait que personne n’est intouchable, même le plus grand cycliste du monde. Enfin, celui qui croyait être le plus grand du monde…
Les 7 Tours de France d’Armstrong doivent-ils être réattribués ?
Certainement pas, parce que si on réattribue le titre, il va falloir qu’Armstrong rembourse celui qui a été reclassé. Or, le dégât qui a été fait est inestimable. Et puis, quand je regarde les palmarès, tous sont impliqués dans des affaires…
A l’image de nombreux directeurs sportifs encore en poste…
Aujourd’hui, un patron d’équipe doit un être un patron d’entreprise et doit être garant de son fonctionnement. Il doit rendre des comptes. Mais dans le sport, on est encore dans un no man’s land où on a le droit de devenir très riche sans s’en rendre de compte. Les patrons ne peuvent pas dire : « Je ne savais pas ». Cette phrase ne doit plus jamais être prononcée. Notre travail aujourd’hui doit être porté sur l’éducation, l’épanouissement des gens et la jeunesse, le bénévolat qui souffre. Tous ses gens qui croient dans le vélo, tous ses gens qui ne gagnent rien, qui sont tous les dimanches sur les routes à garder les parcours pour des courses de minimes.