Ces histoires qui ont fait le Tour (2/23)

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Jean-Baptiste « Joanny » Panel n’a jamais pesé dans l’Histoire de la Grande Boucle. Trois fois au départ, cet amateur ne finira jamais la course. Gagner le Tour, ce n’était de toute façon pas l’objectif de ce passionné de mécanique, comme le relate Jean-Pierre de Mondenard dans « Les grandes premières du Tour de France » (Hugo sport).
Quand il prend pour la première fois le départ en 1912, Panel, coursier honnête mais sans talent, est en réalité en démonstration. Concepteur d’un nouveau dérailleur, l’homme a compris que le Tour pouvait devenir une extraordinaire vitrine pour son produit. Il faut dire qu’à l’époque les coureurs professionnels sont contraints à l’utilisation d‘un pignon fixe par l’organisateur du Tour, Henri Desgrange.
Des sarcasmes aux jalousies
Aligné comme coureur « isolé », Joanny Panel n’est pas tenu de respecter cette règle. Aux sarcasmes du départ succèdent bientôt les jalousies des autres coureurs, y compris des pros. Car s’il finit loin des meilleurs, les performances du mécano s’améliorent au fil des jours. Surtout, il semble fournir beaucoup moins d’efforts que les autres. En 1913, les plaintes auront finalement raison des efforts de Panel. Desgrange interdit l’utilisation du dérailleur pour tous les participants. Car, pour le « Patron », « Le Tour de France est une épreuve sportive avant d’être une épreuve industrielle. C’est aux muscles des coureurs que nous faisons appel. »
Moins efficace sur un vélo classique, le publiciste visionnaire ne parvient pas à rallier l’arrivée dans les délais et quitte le Tour dans l’anonymat. Qu’importe, des milliers de personne auront vu à l’œuvre le dérailleur de la marque « Chemineau ». Il faudra finalement attendre le Tour 1937 pour voir les coureurs laisser leurs pignons fixes sur le bord de la route. Sous la pression du champion Italien Gino Bartali, Desgrange cède enfin aux charmes du dérailleur. Mais n’autorise qu’un seul modèle…
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