Contador, à qui perd gagne

Alberto Contador et l'équipe Saxo - -
Être battu mais sortir vainqueur. Bienvenue dans le monde merveilleux et stratégique du Tour de France. Une épreuve où le perdant supposé peut parfois se révéler le grand gagnant du jour. Alberto Contador, par exemple. Trois jours après avoir été pris dans la chute collective de la fin de la première étape, incident qui avait pu faire craindre pour ses ambitions personnelles, le coureur espagnol a retrouvé le sourire. Et un grand. Le bonheur du travail (bien) accompli. Celui des dégâts (beaucoup) moins grands que prévu. Car ce mardi, à l’heure du premier grand rendez-vous du Tour avec les 25 kilomètres du contre-la-montre par équipes de Nice, on craignait de voir Alberto et ses Saxo-Tinkoff prendre un éclat face à l’armada Sky de Christopher Froome. Voire le bouillon.
Une perspective peu réjouissante pour Contador dans la perspective du général. Résultat ? Une quatrième place juste derrière… Sky. Du temps perdu, certes, mais seulement six secondes. Pas de quoi créer un écart conséquent et mettre une pression suffocante sur l’Espagnol avant les cimes. L’avantage devait virer large côté Froome. Il n’en est presque rien et son rival s’en délecte. « Ce n’est pas une surprise pour moi car je savais que mon équipe était très forte, se réjouit Contador. Je suis vraiment content de cette performance. Nous sommes très proches des meilleurs. C’est toujours mieux d’être devant mais j’ai le sentiment que la situation est plutôt favorable pour nous. »
Contador : « Je ne cours pas seulement contre Sky »
Elle aurait pu l’être un peu plus si la formation Saxo n’avait pas vite perdu la puissance de Benjamin Noval, blessé à la main après avoir percuté un… spectateur muni d’un appareil photo. « Il n’a jamais pu prendre un relais et nous a manqué pour grignoter quelques secondes, analyse Philippe Mauduit, le directeur sportif. Mais on ne va pas pleurer sur notre sort. » Surtout quand il s’annonce plus radieux que celui prédit par les suiveurs de mauvais augure. « Beaucoup nous mettaient loin des favoris du Tour sur cet exercice et finalement, on est là, on est sur leur porte-bagages, juge Mauduit. On est moins surpris que beaucoup de gens. Peu d’équipes avaient emmené les vélos de contre-la-montre en Corse, nous on l’a fait et on a roulé tous les jours dessus. Ce sont des petits riens qui, à la fin, donnent quelques secondes en notre faveur. Alberto a été égal à lui-même. Quand il a pu remettre un petit cran pour rehausser le ton, il l’a fait. »
Motivé, concentré, Contador s’est rappelé au souvenir de ceux qui l’enterraient trop vite. Mais refuse de tirer de cette belle journée une conclusion trop orientée : « Je ne cours pas seulement contre Sky, il y a d’autres coureurs à distancer. Il reste deux semaines et demie, je vous laisse imaginer la suite du scénario… » Elle s’annonce superbe. Septième et douzième, le Britannique d’origine kenyane et l’Espagnol sont déjà les deux meilleurs des grands leaders au général. Le duel annoncé se dessine. « L’équipe Saxo a été impressionnante, finir devant eux est vraiment une bonne chose », confirme Froome. Qui préfère se montrer heureux du film du jour : « Si on avait pris le maillot jaune, on aurait dû être devant dans les prochains jours et cela nous aurait fait dépenser beaucoup d’énergie dont on risque d’avoir besoin en montagne ». Surtout face à un Contador en grande forme.
A lire aussi :
>> Guimard : "Une bonne opération pour Contador"
>> Orica-GreenEdge, de la piste aux étoiles
>> EN VIDEO - Le lipdub d'Orica-GreenEdge