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Dopage: les tricheurs seront désormais traqués de jour comme de nuit

Les coureurs pourront bientôt être contrôlés de jour comme de nuit.

Les coureurs pourront bientôt être contrôlés de jour comme de nuit. - ASO/DR

Ce mercredi, Patrick Kanner, les ministre des Sports, et Thierry Braillard, son Secrétaire d’Etat, ont présenté en conseil des ministres l’ordonnance qui permettra la transcription des principes du code mondial antidopage dans la loi française. Parmi les avancées majeures, la possibilité d'effectuer des contrôles antidopage 24 heures sur 24 à compter de 2016.

Un nouveau code mondial plus sévère…

Le nouveau code mondial antidopage est entré en vigueur le 1er janvier 2015. Selon l’article 5.2 : « Tout sportif peut être tenu de fournir un échantillon à tout moment et en tout lieu par une organisation antidopage ayant autorité pour le soumettre à des contrôles. » Une arme supplémentaire dans l’arsenal des contrôleurs, jusqu’à présent limités aux contrôles diurnes. « Nous avons la possibilité de faire ces tests la nuit, livrait Brian Cookson, président de l’UCI, à RMC Sport au départ du Tour à Utrecht. Ce n’est pas très heureux pour les coureurs, je le sais. Il y a la possibilité de le faire pendant le Tour et sur les autres courses dans les semaines à venir. Si un coureur pense à tricher dans la nuit, il peut s’attendre à ce qu’on vienne toquer à sa porte. »

… mais pas sans faille

C’est un additif à l’article 5.2 qui brouille les pistes. « A moins que le sportif n’ait identifié une période de 60 minutes pour les contrôles entre 23 h et 6 h, ou consenti d’une autre manière à être contrôlé durant cette période, une organisation antidopage devrait avoir des soupçons graves et spécifiques que le sportif puisse être impliqué dans des activités de dopage (…) » Autrement dit, il faut se rapprocher du flagrant délit pour pouvoir opérer pendant la nuit ou avoir de très, très sérieux doutes.

Qu’en pensent les sportifs ?

« Un mal nécessaire. » Voilà le sentiment général, en particulier du monde du cyclisme. « Le vélo est déjà assez difficile comme ça, regrettait le coureur de la FDJ, Jérémy Roy, lors du dernier Tour de France. Si on coupe ma nuit, ça sera un peu plus compliqué. Mais si on peut trouver des coureurs qui trichent, je ne suis pas contre. » Son manageur Marc Madiot enchaîne : « Si de temps à autre il y a des doutes, il faut le faire. Je ne dis pas qu’il faut le faire toutes les nuits, il faut aussi avoir un minimum de raison. »

Pour Vincent Lavenu (AG2R La Mondiale), « il faut rester dans le raisonnable et ne pas réveiller un coureur à 3h du matin ». Quant à Julien Pinot, entraîneur et frère de Thibault, il pointe du doigt cette nouvelle contrainte : « Ça devient quand même limite. Etre localisé tout le temps est déjà une contrainte. Le sommeil est important pour la récupération, si on est réveillé à 3h du matin, ça gâche la récupération. »

Les autres avancées

Au-delà des contrôles de nuit, l'ordonnance permettra également à l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) d'effectuer des contrôles complémentaires à l’occasion des manifestations sportives internationales. L’ordonnance accroît également les prérogatives disciplinaires de l’AFLD et des fédérations sportives nationales en reprenant les quantums de sanctions prévus par le code mondial et en portant à dix ans le délai de prescription. Enfin, elle permet de mieux contrôler et sanctionner l’entourage des sportifs en autorisant le prononcé de sanctions disciplinaires à l’encontre des complices d’utilisateurs ou de trafiquants de substances interdites ou en interdisant au sportif de recourir aux services ou aux conseils d’une personne qui a été sanctionnée pour violation des règles antidopage.

P.Taisne à Abbeville